Les délégués de l'UDC suisse ont adopté samedi leur programme électoral 2011-2015 sur la paille dans une ambiance de «landsgemeinde». L'assemblée générale extraordinaire du parti s'est tenue dans un champ près de Gland (VD), au soleil mais par un froid mordant.
Les différents orateurs ont rappelé les circonstances qui ont conduit l'UDC à organiser son assemblée à ciel ouvert. Le président Toni Brunner a fustigé «les milieux gauchistes hostiles à la démocratie» à cause desquels l'Université de Lausanne a refusé d'accueillir son parti.
«Le fait que nous ayons dû nous réunir ici est indigne de la Suisse et indigne du canton de Vaud», a renchéri le conseiller fédéral Ueli Maurer. «Je me fais du souci pour les valeurs fondamentales de notre démocratie, parmi lesquelles la liberté d'opinion et de réunion».
Pour le chef du Département fédéral de la défense et ancien président de l'UDC, «le plus grand danger qui guette aujourd'hui notre démocratie, c'est le «politiquement correct». On cache les vrais problèmes au lieu d'en parler».
A Coinsins, les 453 délégués de l'UDC n'ont guère discuté plus d'une heure de leur programme électoral. Debout sur la paille dispersée sur la neige par quelques degrés sous zéro, ils ont largement suivi les propositions de leur comité central.
Celles-ci mettent en exergue les valeurs sûres du parti: contre l'adhésion à l'Union européenne, contre l'immigration massive, pour une armée forte ou en faveur de plus de sévérité face aux criminels. L'UDC va également s'engager contre les monopoles et autres cartels dans le secteur des médias, un des nouveaux chevaux de bataille de Christoph Blocher, présent à Coinsins sous sa chapka, un accessoire en vogue samedi.
Sur proposition du Valaisan Oskar Freysinger, les délégués ont ainsi inscrit au programme l'aménagement du deuxième tube du tunnel ferroviaire de base du Lötschberg. L'actuel axe reliant Berne et le Plateau au Valais est en effet déjà proche de la saturation.
L'UDC militera en outre pour la sortie des accords de Schengen. La possibilité que des régions étrangères limitrophes puissent devenir de nouveaux cantons, comme le proposait le conseiller national jurassien Dominique Baettig, a en revanche été repoussée. Les délégués n'ont pas voulu non plus d'un «Small business act» sur le modèle américain, qui aurait réservé 5% des investissements publics aux PME.
Selon son président, l'UDC compte dépasser les 30% de suffrages aux élections fédérales d'octobre 2011. Elle en avait recueilli 28,9% en 2007. L'ensemble du programme a été approuvé à l'unanimité.
Le congrès s'est déroulé sans heurt. L'opposition à la venue de l'UDC dans le canton de Vaud, et accessoirement au fascisme, selon le site internet qui a appelé à manifester, s'est en effet cantonnée à Lausanne. Une centaine de personnes, en majorité des jeunes, se sont réunies samedi soir au centre de la capitale vaudoise. Après que quelques bouteilles et des fumigènes ont été lancés contre les policiers, le cortège a été stoppé et les manifestants identifiés, a indiqué la police de Lausanne. Aucun dommage n'est déploré, a-t-elle précisé. /ats