L'armée se cherche, les partis gouvernementaux s'étonnent et campent sur leurs positions. Il en va de même pour l'accord UBS avec les Etats-Unis.
A quel jeu joue Ueli Maurer? C'est la question que tout le monde se pose après la publication par le Département de la défense d'un document qui remet en question le rôle traditionnel de l'armée, axé sur la défense du territoire. Le texte a été soumis aux partis gouvernementaux.
Ceux-ci en ont discuté hier avec une délégation du Conseil fédéral à l'occasion des traditionnels entretiens de Watteville qui précèdent les sessions parlementaires. Ueli Maurer était présent mais il a précisé que ce document ne reflétait pas sa position personnelle. Simple provocation pour forcer la discussion ou reflet réaliste de la discussion qui a lieu au sein de l'armée? Toutes les interprétations sont possibles. Les partis gouvernementaux se sont cependant étonnés d'avoir à discuter de propositions qui ne sont pas défendues par le chef du département.
Le texte figure sur le site internet de la «Weltwoche». Cet hebdomadaire proche de l'UDC a profité d'une fuite, mais le vice-chancelier André Simonazzi refuse de désigner un coupable. Il précise que ce document circulait dans toute l'administration.
On peut notamment y lire que la mission essentielle de l'armée n'est plus de se préparer à la guerre mais d'apporter sa contribution à une politique de sécurité globale qui inclut des engagements en Suisse et à l'étranger. En conséquence de quoi les effectifs et l'équipement pourraient être sensiblement réduits. Cet électrochoc ne semble pas avoir eu l'effet escompté. Chargé d'informer les médias après la réunion, le président du PS Christian Levrat indique que les positions des partis n'ont pas évolué. L'UDC s'est montré particulièrement critique. Le PS est le seul à avoir été agréablement surpris par le contenu du document.
Il ne faut cependant pas surestimer sa portée. C'est le rapport sur l'armée, attendu pour cet été, qui constituera la base des décisions à venir. Egalement présent devant la presse, Moritz Leuenberger a refusé de prendre position sur un texte qui n'est ni une proposition officielle du Département de la défense, ni une décision du gouvernement. Il a néanmoins montré une certaine compréhension pour le procédé. Selon lui, il ne faut pas avoir peur de la discussion et il rappelle qu'il ne s'est jamais privé de lancer des idées provocantes dans l'arène publique.
La discussion a aussi porté sur l'accord Suisse - Etats-Unis sur UBS qui sera examiné en juin par le Parlement. Là non plus, les positions n'ont pas évolué. Christian Levrat ne s'en étonne pas. «Les entretiens de Watteville sont une plate-forme d'échange, pas un espace de négociation». Moritz Leuenberger a lancé un appel à tous les partis pour qu'ils ratifient cet accord. L'UDC n'en veut pas, le PS exige des mesures d'accompagnement contraignantes et les partis du centre refusent que les mesures sur la taille excessive des banques et les bonus soient liées à l'accord.
Le gouvernement va prochainement soumettre une feuille de route au Parlement. Le PS déterminera sa position en fonction de ce texte. Il demande qu'une modification de la loi sur les banques et de la loi sur l'impôt fédéral direct soit mentionnée dans l'accord de ratification.