Public Eye, anciennement connu sous le nom de Déclaration de Berne, a publié jeudi un rapport dénonçant la vente de carburant à haute teneur en soufre. Produit en Europe, ce carburant "qualité africaine" est vendu dans l'ouest du continent.
Alors que ces carburants sont interdits en Europe car très polluants et cancérigènes, ils sont largement vendus sur toute la chaîne d'approvisionnement de l'Afrique de l'Ouest, a indiqué jeudi devant la presse Public Eye.
Les négociants suisses Vitol, Trafigura ou encore Addax et Orix sont pointés du doigt par le rapport de 160 pages, intitulé "Dirty diesel". Une pétition lancée par le groupe demande que Trafigura, dont le siège est à Lucerne, s'engage à ne vendre que des carburants conformes au standard européen partout dans le monde.
Du soufre pour les africains
L'ONG basée à Lausanne a prélevé des échantillons de carburant prélevés à la pompe dans huit pays africains. "Les résultats sont choquants", note Public Eye, "les carburants analysés présentent jusqu'à 378 fois plus de soufre que la teneur autorisée en Europe".
Les échantillons ont encore montré la présence d'autres substances "très nocives", comme du benzène ainsi que des aromatiques polycycliques, à des niveaux interdits en Europe. Les pays africains exportant vers l'Europe "du pétrole brut d'excellente qualité, reçoivent ainsi en retour des carburants toxiques", dénonce Public Eye.
Selon les projections de l'International coucil on clean transportation (ICCT), en 2030, la pollution de l'air liée au trafic routier causera trois fois plus de décès prématurés en Afrique que dans toute l'Europe, les Etats-Unis et le Japon réunis.
Trafigura suit les règlements
Trafigura a expliqué à l'ats qu'il est actif sur plusieurs marchés en Afrique et que, dans chacun d'eux, il respecte les règlements en vigueur. De plus la firme a précisé qu'une entreprise seule n'est pas en mesure d'échapper aux règles du marché.
Les valeurs élevées en soufre constatées dans les carburants et qui varient d'un pays à l'autre doivent être légiférées par les gouvernements et non par les entreprises actives sur ces marchés, note la porte-parole.
Cette dernière a encore indiqué que Trafigura soutient les efforts de la Société africaine de raffinage (SAR) afin de diminuer la teneur en soufre des carburants sur les marchés africains. L'entreprise de courtage pétrolier entrevoit cette solution comme la meilleure et la plus efficace pour atteindre un changement de ce domaine.