Il ne s’agissait pas de deux cas uniquement, comme l’avocat l’avait laissé entendre récemment dans la presse. Maurice Tornay, Conseiller d’Etat en charge du Département des finances, des institutions et de la santé, a donné cette information en réponse à une question du groupe PLR hier matin. Le Ministre a ajouté que dans un deuxième temps, Pierre Chiffelle avait fait recours au seul nom d’Helvetia Nostra avec des procurations produites, a expliqué Maurice Tornay.
Dénonciation du PLR
«En parlant de deux malheureux bugs, Pierre Chiffelle a dérapé et caché une situation plus préoccupante qu’annoncée», avance le PLR. Le parti a immédiatement réagi. Par voie de communiqué, le PLRVs a fait savoir qu’il allait dénoncer Maître Chiffelle à l’autorité vaudoise de surveillance des avocats pour ces «méthodes procédurières inacceptables». Pour le parti, ces «abus de procédures justifient le retrait pur et simple du droit de recours dont bénéficie Helvetia Nostra».
Pierre Chiffelle ne s’émeut pas de cette dénonciation du PLR: «cela fait partie de la guérilla que mène le Valais contre l’application de l’initiative». L’avocat a également relativisé la gravité des faits. Il a admis dans onze cas une «confusion regrettable qui ne devrait pas arriver», mais qui s’explique par la masse de recours à traiter à ce moment-là. Les 19 autres cas concernent un seul et même opposant qui a finalement renoncé à faire recours après l’avoir envisager dans un premier temps.
La procédure valaisanne impose de demander l’effet suspensif dans les dix jours pour empêcher le début des travaux avant de déposer un recours. «Cela aurait été au contraire une faute professionnelle grave de ne pas déposer une demande d’effet suspensif au nom de ces opposants», estime l’avocat veveysan. Le Conseil d’Etat valaisan «utilise une petite faille administrative sans aucun impact sur le fond pour cacher le millier de résidences secondaires qu’il essaie d’autoriser», conclut Maître Chiffelle.
Réaction de Franz Weber
Franz Weber, le président d’Helvetia Nostra, était hier à Paris. Il a annoncé qu’il s’entretiendrait avec Pierre Chiffelle dès son retour de France. Franz Weber estime que ce dernier est un avocat honnête. En attendant, lorsqu’on lui demande son sentiment sur les informations dévoilées hier au Grand conseil, il répond: «je ne sais pas si c’est vrai, nous verrons bien. Nous allons faire la lumière sur cette affaire et nous convoquerons la presse pour expliquer la situation». Et d’ajouter: «toute ma vie, j’ai travaillé dans la légalité pour atteindre mon but, c’est-à-dire protéger les sites, défendre les paysages suisses pour nos enfants. Je ne peux pas imaginer utiliser des moyens illégaux». Franz Weber voit dans cette affaire une nouvelle attaque des spéculateurs : «on cherche par tous les moyens à nous détruire. Mais ils n’y arriveront pas». Quant à la crédibilité de la fondation, Franz Weber estime qu’elle n’est pas remise en cause. Le président d’Helvetia Nostra termine sur une promesse: «la vérité vaincra, je vous assure». Affaire à suivre.