L'accord de paix sur le Darfour a été signé par la faction majoritaire du Mouvement /Armée de libération du Soudan (SLM) dirigée par Minni Minnawi et par le gouvernement soudanais, représenté par son négociateur en chef Magzoub Al Khalifa, lors d'une cérémonie à Aso Rock, le palais présidentiel nigérian.
«Minni Minnawi a accepté de signer l'accord de paix, bien qu'il ait exprimé des réserves sur le partage du pouvoir», a annoncé le porte-parole de l'Union Africaine (UA).
En revanche, le Mouvement pour l'égalité et la justice (JEM) a catégoriquement refusé l'accord de paix. Le JEM, minoritaire avec la faction Al-Nour, estime que le projet ne répond pas à sa demande de faire du Darfour une seule région autonome au lieu des trois entités actuelles, qu'il qualifie de point «non négociable».
A l'issue d'une nouvelle nuit de négociations, le secrétaire d'Etat adjoint américain Robert Zoellick, visiblement courroucé, avait pourtant cherché à placer les rebelles devant leurs responsabilités.
«Nous avons fait comprendre (aux rebelles) que les gens meurent là-bas. C'est le moment pour leurs dirigeants d'avancer et d'aider leur peuple. Il y a de grandes occasions que de bons dirigeants peuvent saisir, mais c'est la direction de ces mouvements qui pose problème», avait lancé Robert Zoellick.
Pour arracher la signature des rebelles, l'émissaire américain avait imposé mercredi un nouvel ultimatum de 24 heures aux parties. Les amendements apportés durant ce délai concernent le partage du pouvoir et des richesses, le nombre de rebelles à intégrer aux forces de sécurité nationales soudanaises, et le statut du Darfour (environ 500.000 kilomètres carrés, six millions d'habitants).
La communauté internationale s'est déplacée en force à Abuja pour tenter de convaincre les trois mouvements rebelles impliqués. Parmi les médiateurs figuraient le président en exercice de l'UA, le Congolais Denis Sassou N'Guesso, le président de la Commission de l'UA, le Malien Alpha Oumar Konaré et la présidence autrichienne de l'Union européenne (UE).
«Les populations du Darfour ont un besoin urgent d'aide humanitaire, mais bien plus, elles ont besoin de la paix, pas seulement d'un papier à Abuja, mais d'un accord appliqué sur le terrain jusque dans chaque village», avait de son côté insisté le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires humanitaires, Jan Egeland. Les rebelles ont pris les armes en 2003 en accusant le gouvernement de Khartoum à dominante arabo-musulmane de délaisser cette immense région ethniquement mixte. Khartoum a mobilisé des milices arabes pour écraser l'insurrection.
Le conflit et la crise humanitaire ont fait de 180.000 à 300.000 morts et 2,4 millions de déplacés et réfugiés, selon des estimations internationales. Les Etats-Unis y ont dénoncé un génocide. / ats-afp-reuters