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Point de vue de Pierre Bühler: "Condamnée pour assistance à personne en danger?"

Le théologien Pierre Bühler dénonce la condamnation d'Anni Lanz, qui a aidé un requérant d'asile débouté à revenir en Suisse. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

22 août 2018, 12:00
Un réquérant d'asile à Lausanne en 2011.

Anni Lanz, une Bâloise de 72 ans engagée depuis de nombreuses années dans le soutien des requérants d’asile, avait rencontré un jeune Afghan d’une vingtaine d’années dans un centre de détention, en vue de son refoulement vers l’Italie, au nom des accords de Dublin. Mais pour elle, ce jeune homme, profondément traumatisé par ce qu’il avait vécu dans son pays et souffrant de graves troubles psychiques, était une personne vulnérable.

Lorsqu’elle apprend à la fin février 2018 qu’il a été renvoyé malgré les certificats médicaux, elle se rend à la gare de Domodossola où le jeune homme s’était réfugié et le ramène en Suisse. Mais interceptée par les douaniers suisses, elle est condamnée à 300 francs d’amende et 30 jours-amende à 50 francs.

«Délit de solidarité», comme on disait encore tout récemment en France et que la Suisse connaît aussi sans l’appeler ainsi: il est punissable d’assister une personne en séjour illégal, quel que soit le tragique de sa situation.

Anni Lanz, militante de longue date, refuse de payer: certes, elle n’a pas respecté la loi, mais elle revendique le principe supérieur de l’assistance à personne en danger (la non-assistance à personne en danger est punissable selon l’art. 128 du Code pénal suisse). Elle est prête à subir un procès, pour attirer l’attention de l’opinion publique.

Anni Lanz ne se conçoit pas comme une héroïne. « Nous sommes de très nombreux volontaires à nous occuper des réfugiés. Je ne suis pas seule et fais partie d’un réseau d’entraide » (interview dans «ArcInfo» du 19 juillet dernier).

Anni Lanz a raison, il n’est pas nécessaire d’être héroïne pour assister des personnes en danger. C’est même une tâche confiée à tous les citoyens. Dans ce sens, je me sens très solidaire d’Anni Lanz. Si j’étais sur Facebook, je lancerais une campagne #MeToo en sa faveur…

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