C'est en fait une révision plus générale de la loi sur les produits thérapeutiques qui a été envoyée hier en consultation auprès des milieux concernés. Elle comporte plusieurs mesures concernant la sécurité des médicaments destinés aux enfants, l'accès aux produits liés aux médecines alternatives ou les rabais consentis par les fabricants (rabais qui doivent clairement profiter aux patients).
Mais le ministre de la Santé tenait aussi à lancer le débat sur la remise directe de médicaments par les médecins (propharmacie), une pratique bien implantée dans 14 cantons (alémaniques). Car, selon lui, il y a «conflit d'intérêt évident» lorsqu'une même personne, à la fois, prescrit et vend un produit. Il serait donc «logique», dit-il, de séparer les deux activités entre médecins et pharmaciens.
Il existe toujours un risque non négligeable qu'un médecin prescrive tel produit parce qu'il le vend aussi, et que ce choix soit dicté par des incitations provenant de l'industrie pharmaceutique (sous forme de cadeaux et d'avantages financiers). Autrement dit, la prescription d'un médicament peut être influencée par d'autres éléments que le seul intérêt du patient.
Le préposé à la Surveillance des prix a récemment tiré la sonnette d'alarme: après un examen poussé de ce système, il s'est aperçu avec étonnement que, dans ces 14 cantons, la vente directe de médicaments procurait aux médecins un bénéfice net supplémentaire dépassant 100 000 francs par an - en moyenne, et sans compter les ristournes versées par les fabricants ou grossistes.
Le Surveillant constatait aussi que la croissance des coûts de la propharmacie était clairement supérieure à celle de la pharmacie, en raison de ces «fausses incitations économiques». Et qu'il y avait «distorsion de concurrence» entre médecins et pharmaciens, les premiers n'ayant qu'une centaine de médicaments en cabinet, les seconds devant gérer des stocks de 5000 produits.
Pascal Couchepin se veut toutefois réaliste face au «poids historique» de la propharmacie outre-Sarine. La Fédération des médecins suisses (FMH) a d'ailleurs immédiatement menacé d'un référendum une éventuelle interdiction. Il propose donc, à choix, une variante plus souple. Elle laisse les cantons autoriser la propharmacie dans les régions dépourvues de pharmacies. Donc pas en ville de Zurich, par exemple. /FNU