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«Mieux vaut avouer une erreur»

La mort de l'initiative populaire générale n'étonne pas Andreas Gross. Mais le socialiste déplore l'amateurisme du Parlement La commission des institutions politiques du National a créé la surprise en proposant de renoncer à l'initiative populaire générale. Selon elle, cet instrument, accepté en 2003, est trop complexe pour avoir une quelconque utilité. Le plénum se prononcera le 19 décembre.

05 déc. 2006, 12:00

Président de la commission et spécialiste des droits populaires, le socialiste zurichois Andreas Gross avait à l'époque combattu ce nouveau droit populaire. Il ne cache pas qu'il observe ce retournement de situation avec amusement. En commission, il s'est cependant retrouvé dans la minorité, par respect du verdict du peuple.

L'initiative populaire générale n'était-elle pas une bonne idée?

Andreas Gross: J'ai toujours combattu ce projet, car il faisait partie d'un paquet destiné à renforcer le Parlement et le gouvernement au détriment du peuple. Et dès lors que le nombre de signatures requis était le même que pour une initiative constitutionnelle, il était clair que cet instrument ne serait pas utilisé. Personne ne va s'engager dans une récolte de signatures sans savoir comment le projet qu'il défend va être concrétisé. L'argument de la complexité était pour moi secondaire.

N'est-il pas incroyable d'abandonner ce nouvel instrument trois ans après son adoption, sans qu'il ait jamais été utilisé?

A.G.: Non, cela revient simplement à avouer une erreur. Elle provient de la personnalisation de la politique. Au Parlement, il l'avoue aujourd'hui, l'UDC a voté pour le projet parce que j'y étais opposé. Puis, il a retourné sa veste pendant la campagne de votation. On aurait donc parfaitement pu éviter de se trouver en situation de proposer au peuple l'abandon de ce système, au risque de jeter le discrédit sur la démocratie directe. Car ce revirement va être instrumentalisé par ceux qui cherchent à ridiculiser les droits populaires.

Quelle leçon tirez-vous de cette affaire?

A.G.: La démocratie directe ne fonctionne bien que si le Parlement est suffisamment fort pour faire correctement son travail législatif. Pour s'en assurer, il faut introduire davantage de transparence financière dans le processus. Dans ce domaine, la Suisse pourrait s'inspirer des Etats de la côte ouest des Etats-Unis. / CIM

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