Le week-end passé, en Savoie, la petite station de Bessans, située à 1750 mètres d’altitude, a ouvert 3 kilomètres de piste de ski nordique. Mais ce n’est pas seulement grâce aux quelques flocons tombés récemment que la boucle a pu être balisée. C’est surtout grâce à une technique appelée «snowfarming», largement répandue dans les pays nordiques et qui consiste à conserver la neige durant l'été en la recouvrant par exemple de copeaux de bois..

Ici, la neige compactée a passé l’été sous une épaisse couche de sciure.

Seuls 17% des 13’000 mètres carrés stockés ont été perdus à cause de la canicule, relate Euronoews sur son site.

«Ce n’est pas de la bonne neige fraîche qui vient de tomber, mais ce n’est pas du tout gênant, on s’adapte. Et puis on est tellement heureux de pouvoir skier début novembre!», expliqué à l’AFP Jeanne Richard, membre de l’équipe de France B de biathlon. Avec elle, de nombreux fondeurs et biathlètes ont profité de l’événement.

Une technique ancestrale

Importé des pays nordiques, le snowfarming a fait son apparition dans les Alpes depuis quelques années. Derrière ce nom anglo-saxon, qui pourrait laisser croire que la technique est inédite, se cache une méthode ancestrale qui a pour but de recycler de la neige d’une saison à l’autre.

Le principe est simple: la neige est amassée durant l’hiver à proximité des pistes, parfois dans des trous creusés dans le sol, puis recouverte de sciure, de copeaux de bois ou d’une bâche jusqu’au début de la saison suivante.

Etude en Suisse

Ainsi protégée des chaleurs estivales, la neige stockée est principalement utilisée en sous-couche, durant la préparation des pistes.

Selon une enquête menée par l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF) dans l’espace alpin alémanique et en Scandinavie, les pertes de volume de neige pendant l’été se situent entre 13 et 50% – la moyenne étant d’environ 28%, rapporte l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).

Des années de recherches à Davos

Dès 2008, des essais sur le terrain ont été effectués à Davos, dans le cadre d’un projet commun réunissant le SLF, les communes et l’Office du tourisme de la station grisonne. Le but était double: examiner si le snowfarming était possible à des altitudes relativement basses et quelles étaient les méthodes de couverture les plus appropriées. Verdict: la sciure de bois l’emporte sur les géotextiles. Et le tas de neige ainsi conservé avait permis à l’époque de réaliser en automne une piste de ski de fond d’une longueur de 500 mètres. Boostée par ce succès, la station de Davos a poursuivi l’expérience.

En octobre 2008, la piste atteignait 4 kilomètres de long.

Cette année, grâce au snowfarming, Davos Klosters a été la première destination suisse à reprendre la saison de ski de fond, le 5 novembre dernier.

Percée à la Vallée de Joux

A l’occasion des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ 2020), quelque 9000 m3 de neige de culture ont été préparés, fraisés le plus compact possible et mis sous bâche aux Grandes-Roches, au Brassus, entre la Vallée de Joux et la Franche-Comté.

Yves Golay, responsable des pistes presente la technique du Snowfarming consitant a garder au frais de la neige pour la piste de ski de fond des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) de Lausanne 2020 ce jeudi 23 mai 2019 sur le site des Grandes Roches au Brassus. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Le 23 mai 2019, sur le site des Grandes Roches, la réserve de neige est présentée à la presse. KEYSTONE/Jean-Christophe Bott

Avec ses flancs pentus, la grosse bosse des Grandes-Roches ne se prêtait pas à l’usage de la sciure pour protéger la neige. Objectif: pouvoir préparer 2,5 km de piste d’une épaisseur de 40 à 50 cm sur 5 m de large.

Le succès de l’opération sera mitigé. Il a fallu, malgré le «snowfarming», ramener de la neige par tracteur depuis la forêt du Risoux, rappelait, le 11 mai 2020, le site de France3-Régions.

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