Motif de cette réaction: un projet de modification de la loi - en vigueur depuis 2004 - sur la formation professionnelle. Il s'agirait de limiter la part de financement de la Confédération à 16,5%, au lieu des 25% que la loi prévoit d'ici à 2008. Pour Pierre Triponez, directeur de l'Usam et conseiller national, les conséquences en seraient «dévastatrices».
D'abord, ce serait ignorer l'égalité de traitement entre formation professionnelle et générale, pourtant plébiscitée par le peuple en mai dernier (articles constitutionnels sur l'éducation). Car une maîtrise de boucher resterait moins soutenue, financièrement, que la formation d'un médecin. Ensuite, ce désengagement fédéral ne pourrait pas être compensé par les cantons.
Le conseiller d'Etat lucernois Anton Schwingruber, membre du comité de la Cdip, rappelle quelques coûts supplémentaires en vue: mise en place de la nouvelle filière de formation initiale en deux ans, intégration des filières santé, social et arts dans la formation supérieure, filière Master. Autant de progrès menacés par le manque de moyens financiers en perspective.
Pour Paul Rechsteiner, président de l'USS, la Confédération est en train de saboter les objectifs fixés en matière de formation. Ceci pour des motifs financiers, alors que le budget fédéral retrouve les chiffres noirs. Sans compter la remise en cause des récentes et importantes améliorations dans le domaine de la formation professionnelle (loi, Hautes Ecoles spécialisées, Constitution).
Les coûts dans ce domaine sont aussi des investissements dont profite largement le site économique suisse, ajoute le président de l'USS, qualifiant d'«irresponsables» les économies prévues par le Conseil fédéral. C'est aussi, dit-il, renforcer les obstacles pour de nombreux jeunes, pour qui l'accès au monde du travail est déjà difficile au sortir de l'école obligatoire.
La formation professionnelle est choisie, aujourd'hui comme hier, par deux tiers des jeunes quittant l'école. L'objectif officiel est que 95% d'entre eux obtiennent un diplôme. «Comment y arriver si la Confédération coupe dans les moyens engagés, avec des conséquences funestes au niveau des cantons et communes?», demande Paul Rechsteiner.
Anton Schwingruber rappelle que la filière professionnelle bénéficie de 12% du crédit global à la recherche, formation et innovation (RFI). Il faut donc aussi agir au niveau de ce crédit, en l'augmentant de 8% pour la période 2008-2011, et non de 4,5% comme le prévoit le Conseil fédéral. «Sinon le pire scénario se produira: une bataille fratricide entre filières».
Les trois intervenants d'hier espèrent maintenant que le Parlement corrigera les projets du Conseil fédéral. Les Partis socialiste, radical et démocrate-chrétien ont déjà annoncé qu'ils s'opposeront au projet de révision de la loi sur la formation professionnelle et qu'ils soutiendront une hausse d'au moins 6% du crédit RFI. L'UDC, elle, propose 3,5%. / FNU