Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les Suisses doivent payer plus pour consommer moins

Fabricants et distributeurs profitent de la crise pour alléger les produits. Mais pas les prix. Les associations de consommateurs crient au scandale. Enquête.

20 déc. 2008, 09:44

Il n'y a pas que les consommateurs qui s'adaptent à la crise. Les produits aussi. C'est ce que Sandra, cette mère de famille de Berne, a remarqué. Son flan Tam-Tam de 170 grammes a maigri de 40 g il y a quelques mois. Son produit de lessive Persil Color-gel est passé de 3 à 2,7 litres. Idem pour son déodorant, qui a perdu 25 millilitres, de 175 à 150 ml.

«Il n'y a plus que neuf boules de chocolat!», peste Pierre, un client fribourgeois. Même son shampooing Herbal Essences s'est allégé de 50 ml pour atteindre 200 ml. Et n'allez pas penser que Sandra est la seule à avoir remarqué le phénomène.

Pierre a vu disparaître une boule de chocolat Giotto dans les paquets de dix. «Il n'y en a plus que neuf», témoigne le Fribourgeois. Et ces étranges grignotages dans les produits concernent également les Mars et Snickers, dont le poids ne cesse de fondre sur votre langue. «Ce qui m'énerve, c'est que les prix n'ont pas bougé», poursuit Pierre.

Mais que se passe-t-il. Elémentaire: quand le marasme guette, les entreprises testent leurs recettes anticrise. Et la première d'entre elles consiste à réduire les quantités tout en conservant les mêmes prix. Les producteurs peuvent ainsi maintenir leurs marges et leur volume de ventes. C'est ce que les économistes appellent de l'inflation déguisée.

«Effectivement, nous avons réduit nos quantités dans nos barres chocolatées», admet Nadine Jermann, porte-parole de Mars. «Reste que ce n'est pas à cause du marché des matières premières, où le prix du cacao a explosé, mais c'est pour lutter contre l'obésité...» Nadine Jermann oublie seulement de dire que la barre Mars a fondu de 16% sans que le prix ne change.

Chez Coop, on reconnaît aussi la tendance: «Des fournisseurs d'articles de marque internationaux changent de poids ou de volume malgré nos interventions», indique son porte-parole, Nicolas Schmied. «Dans ces cas, notre influence est d'habitude faible.»

Même discours chez Unilever, qui commercialise en Suisse les glaces Magnum ou les soupes Knorr. Anne Zwyssig, porte-parole, se défend: «Si nous avons réduit les quantités de notre produit pour lave-vaisselle Sun, c'est pour préserver l'environnement.» Nestlé a également pris des mesures semblables. Les barquettes de glace Mövenpick sont passées de 1 à 0,9 litre au moment où l'emballage a été modifié. Là encore, le prix n'a pas bougé.

Le problème, c'est que le client n'y voit souvent que du feu. «C'est énorme», remarque Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs, qui suit le dossier de près. «Si vraiment les fabricants veulent assurer le bien-être du consommateur, ils peuvent au moins l'informer de leurs hausses de prix dissimulées sous des arguments nutritionnels et écolos! Tout cela me fait penser à l'histoire de la bière pression qui passe de 3 à 2,5 décilitres pour répondre à la norme européenne. Sans que le prix ne soit revu à la baisse. C'est du vol!» /SHA-La Liberté

Votre publicité ici avec IMPACT_medias