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Les sapins étrangers, souvent rois de nos salons

Sur le million d'arbres vendus en Suisse, le plus gros provient toujours de l'étranger, bien souvent du Danemark ou d'Allemagne. Ces pays exportateurs bénéficient de coûts de production moins élevés et de la faiblesse de l'euro. Notamment pour des raisons écologiques, des associations suisses invitent les consommateurs à favoriser l'achat de sapins indigènes.

11 déc. 2010, 12:27

Depuis le 20 novembre, Martin Henzirohs et ses aides coupent, emballent et étiquettent les sapins de Noël qu'ils livreront aux filiales Coop et Migros du coin. Sur une dizaine de parcelles (12 ha au total), le Soleurois cultive surtout du Nordmann, un sapin plus cher mais dont les aiguilles durent plus longtemps. Son père s'était lancé il y a 40 ans, tout en poursuivant la production laitière.

Il y a dix ans, Martin a abandonné le lait pour se consacrer exclusivement à la culture du sapin, la ferme, située au centre du village de Niederbuschsiten, ne pouvant pas s'agrandir. Dans ce qui était l'écurie, sa femme Karin vend désormais des accessoires pour Noël (étoiles, petits animaux et champignons en bois, bougies, vases) fabriqués le reste de l'année.

L'exploitation agricole des Henzirohs est l'une de celles qui ont vu dans le sapin une occasion de se diversifier. Dans toute la Suisse, en 15 ans, la surface cultivée est ainsi passée d'un peu moins de 200 à plus de 500 ha. Ce qui a aussi fait progresser la part du sapin de Noël indigène à plus de 40%.

Les grands distributeurs proposent d'ailleurs de plus en plus des sapins suisses. Selon son service de presse, Migros vend en moyenne 90 000 pièces par an. La moitié provient du Danemark et l'autre moitié est un produit «de la région». Il reste que, sur le million de sapins vendus chaque année, (40-50 millions de chiffre d'affaires), la plus grande part provient encore du Danemark, d'Allemagne et de plus loin. Ces pays exportateurs, aux coûts de production moins élevés (grandes entreprises spécialisées, législation moins stricte pour les cultures), profitent en plus en ce moment d'un euro bas. Ce qui exerce une forte pression sur le prix du sapin suisse.

Simon Fünfschilling, qui cultive à Lully (Broye fribourgeoise) 17 ha de sapins «bio» avec deux employés à l'année, est très conscient de cette concurrence européenne. Il ne peut pas encore se prononcer sur l'évolution de ses propres affaires mais il s'étonne quand même que certains puissent vendre des sapins quasiment à leur prix d'achat. «Cela reste une culture à risques, qui demande beaucoup d'entretien. Les sapins plantés aujourd'hui ne seront vendus que dans huit ans. En attendant, il faut se serrer la ceinture, sans savoir comment sera le marché d'ici là. Ça explique peut-être pourquoi peu de gens se lancent», constate celui qui a aussi une dizaine de moutons pour aider au désherbage des plantations.

L'accentuation de la concurrence extérieure n'a pas échappé à Economie forestière Suisse et à la communauté d'intérêt concernée, l'IG Suisse Christbaum qui compte 190 membres. Par communiqué, les deux associations ont invité les consommateurs à favoriser l'achat de sapins indigènes, relevant une «production écologique et de haute qualité pour un prix modéré». /GTI-La Liberté

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