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Les sans-papiers occupent la Kleine Schanze

29 juin 2010, 11:39

Une bonne vingtaine de tentes de camping, du linge qui pend au soleil, une cuisine à ciel ouvert et au milieu de ce décor estival, quelques dizaines de personnes qui organisent la suite de l'occupation du parc de la Kleine Schanze, au centre de Berne par les collectifs de sans-papiers.

«Nous vous proposons de rester jusqu'à vendredi puis de poursuivre notre action ailleurs», lance un participant. «C'est important pour l'avenir du mouvement que l'action soit un succès, que les sans-papiers n'aient pas peur de nous rejoindre. Des articles spectaculaires sur une évacuation par la police ne nous serviront à rien», lance un autre.

«Qui veut m'aider à ranger le soir?», lance la cuisinière. «Qui a vu mon caleçon de bain?» interroge ce jeune. A l'issue du vote, le verdict est clair: le collectif veut rester jusqu'à vendredi. Dans la foulée, le municipal Reto Nause, en charge de la sécurité, annonce qu'il allait faire preuve de tolérance.

C'est la première fois que la Ville de Berne est confrontée à une action de cette ampleur pour demander la régularisation des sans-papiers. Très présent en Suisse romande, le mouvement s'étend, mais change également d'échelle. Car ce n'est pas les autorités bernoises qui sont prises à parti mais fédérales. L'Office fédéral des migrations (ODM) a toujours refusé d'entrer en matière sur une solution collective et prône le cas par cas.

Présent hier sur place, le président des Verts, Ueli Leuenberger, estime que cette politique est une «hypocrisie». «Il faut voir les choses en face. Aujourd'hui, si un sans-papiers est arrêté et renvoyé dans son pays, il est immédiatement remplacé par un autre car une partie de notre économie, dont la restauration ou l'hôtellerie, ne fonctionne pas sans eux». Jusque-là, Berne n'a jamais voulu entendre parler d'un quelconque critère qui permettrait de régulariser une partie au moins des concernés, par exemple ceux qui ont un emploi et paie leurs cotisations sociales. Hier, le parti des Verts a officiellement exprimé son soutien à l'occupation de la Kleine Schanze qui permet de nationaliser la problématique. En ira-t-il de même à Berne? Hier, le mouvement semblait plus porté par des sympathisants que des concernés. Mais dès aujourd'hui, des transports ont été organisés depuis Lausanne, Bienne et Lucerne pour renflouer les rangs.

Arielle, d'origine camerounaise, était assistante de direction et parle français et anglais. Elle est venue depuis Lausanne avec des membres de sa famille. Mais pas avec son fils. Il étudie et fréquente la deuxième année du gymnase. «Nous sommes depuis dix ans en Suisse. Si je m'étais mariée, j'aurais pu rester et aujourd'hui, je serais Suissesse. Mais je n'ai pas voulu faire ce choix», explique-t-elle. Doit-elle être punie? L'interrogation se lit dans son regard et elle annonce qu'elle fera des aller-retour toute la semaine pour porter la cause. «Ce n'est pas le moment d'avoir peur!» assure-t-elle, déterminée.

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