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Les prix mondiaux des céréales réjouissent les paysans suisses

Forte demande alimentaire en Chine et en Inde, production massive de biocarburants: les prix mondiaux du lait et des céréales grimpent. Encore à l'abri, la Suisse bénéficie de cette rupture. Présenté hier, le rapport agricole 2007 s'intéresse aux marchés agricoles mondiaux. Car on assiste à un retournement de tendance: après des décennies de baisse des prix à la production, le prix des matières premières augmente. De quoi réjouir les producteurs, même si l'avenir reste incertain, note Manfred Bötsch, directeur de l'Office fédéral de l'agriculture (Ofag).

23 nov. 2007, 12:00

Depuis un an, la hausse des prix mondiaux touche les céréales et les oléagineux (orge, colza, maïs, soja), le prix du blé ayant même doublé en un an (de 20 à 40 francs les 100 kg), comme celui du lait en poudre et du beurre. Du coup, le prix du lait payé au producteur est remonté dans l'ensemble de l'Union européenne (UE) et aux Etats-Unis (aujourd'hui entre 55 et 60 ct le kilo).

Pourquoi ce renversement de tendance? Il y a l'augmentation de la population mondiale: 75 millions de bouches supplémentaires à nourrir chaque année. Mais c'est surtout la hausse des revenus dans certains pays émergents qui se traduit par une demande accrue de viande et de lait. Et on parle de la Chine et de l'Inde (plus de deux milliards d'habitants).

Davantage de viande et de lait, cela signifie davantage de produits végétaux pour nourrir les animaux. Non seulement cette production végétale ne nourrit plus les êtres humains, mais l'investissement est déséquilibré: il faut deux à sept calories végétales pour n'en produire qu'une seule animale. Les prix des céréales et de la viande ne peuvent dès lors qu'augmenter.

En outre, une autre partie des produits des champs est détournée de l'alimentation humaine, pour aller à la production de biocarburants. On veut réduire la dépendance pétrolière et les émissions de CO2. Mais d'ici peu, un tiers de la production de maïs américain sera consacré à l'éthanol. En Allemagne, 20% des surfaces cultivées vont aux nouvelles énergies.

On peut encore ajouter que la production agricole nécessite des sols, de l'eau et un climat favorable. Or, l'urbanisation et la désertification menacent les surfaces agricoles, l'eau des nappes phréatiques est surexploitée (Inde, Chine, Moyen-Orient, Afrique du Nord) et les périodes de sécheresse augmentent. Et il faut toujours 1000 litres d'eau pour 1 kg de blé.

Pour l'instant, la Suisse profite des hausses de prix au plan mondial, du fait qu'elle est encore protégée des importations par des mesures aux frontières. Ainsi, les prix de céréales et oléagineux, encore deux à trois fois plus élevés que dans l'UE l'an dernier, ne le sont plus aujourd'hui qu'une fois et demie. Et les matières premières suisses redeviennent compétitives.

Mais, prévient l'Ofag, la protection aux frontières tombera un jour dans le cadre des accords OMC. La tendance à la hausse de prix, elle, sera durable. Il faudra donc d'importants efforts, au plan mondial, pour que l'offre permettre de suivre la demande: maintenir suffisamment de surfaces cultivables et les exploiter de façon durable. / FNU

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