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Les dons dopent les finances des partis politiques nationaux

En dix ans, les moyens financiers des partis politiques nationaux se sont considérablement accrus en Suisse. Entre 1996 et 2006, leur budget total a augmenté de plus de 60%. Une hausse qui s'explique surtout par la générosité grandissante des mécènes. Aujourd'hui, les partis nationaux récoltent davantage de fonds auprès de «sponsors» qu'auprès de leurs propres membres, démontre une recherche sur le financement des partis politiques suisses publiée hier par l'Institut de hautes études en administration publique de l'Université de Lausanne (IDHEAP). En 2006, PDC, PRD, PS, UDC et Verts ont disposé, à l'échelon national, d'un budget total de 16,4 millions de francs, en hausse de 60,5% sur dix ans. Pourtant, jamais leur autofinancement n'a été aussi faible: aucune des formations n'a prélevé plus de 40% de ses revenus auprès de ses membres.

08 juil. 2008, 12:00

En moyenne, l'ensemble des contributions externes ont représenté 71% du financement des partis nationaux en 2006, contre 57% en 1996.

Dans le détail, il apparaît pour la première fois que le budget du PS repose davantage, au niveau national, sur des donateurs externes que sur ses propres membres. Pour Mathieu Gunzinger, auteur de l'étude, «ce phénomène constitue un changement profond de paradigme par rapport à 1996». A l'époque, le parti à la rose ne tirait aucun revenu de sponsors privés. En 2006, ceux-ci ont représenté 42% de ses recettes. Compte tenu des financements publics (15%) et des autres contributions (5%), son financement externe a atteint 62%, contre 27% dix ans plus tôt.

L'UDC a de son côté vu la part de son financement externe passer de 30% en 1996 à 75% en 2006. Cette même année, le PDC a aussi assuré les trois quarts de son financement par des ressources externes (+5 points sur 1996). Le PRD est resté le champion toutes catégories avec une quote-part externe de 94% (-1 point).

En chiffres absolus, le PS s'affiche comme étant le parti qui, en 2006, a disposé des plus importantes ressources, soit 8,4 millions de francs. Il est suivi, pour cette même année pré-électorale, par le PRD (3 millions), le PDC (2,4 millions), l'UDC (2 millions) et les Verts (637 000 francs).

Toutefois, ces chiffres peuvent être trompeurs, met en garde Mathieu Gunzinger. Tout d'abord, les partis n'utilisent pas les mêmes méthodes comptables. Celle utilisée par le PS gonfle par exemple son budget d'environ 50%. Ensuite, les comptes de certaines formations sont entourés d'une certaine opacité.

Ainsi, selon Mathieu Gunzinger, le budget total des partis nationaux pour l'année électorale 2007 reste, à 20 millions de francs, très en deçà du coût de la campagne tel qu'estimé par l'institut Media Focus. Ce dernier avait avancé le chiffre de 65 millions pour les seules dépenses publicitaires, dont 26,4 millions pour l'UDC.

Par rapport aux partis nationaux, les sections cantonales ont vu leurs moyens augmenter plus modestement. En 2006, elles ont encaissé 22,4 millions de francs, soit en moyenne 17,8% de plus que 10 ans auparavant. A la différence des partis nationaux, elles se sont financées essentiellement (74%) à l'interne. Ces modes de financement différents inquiètent le chercheur, qui y voit un risque de déconnexion entre les deux échelons. «Les partis nationaux sont à présent en situation de s'affranchir de leurs relais cantonaux, car ils n'ont plus besoin de recourir aux cotisations des membres pour financer leurs activités».

Cette nouvelle constellation pourrait amener l'organisation nationale d'un parti à défendre des intérêts différents de ceux de ses sections cantonales. Pour Mathieu Gunzinger, «cela aurait un effet dommageable sur la lisibilité de sa ligne politique». / ats

L?étude est à disposition sur le site www.badac.ch
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