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Les députés plongent au coeur de la Terre

Les députés plongent au c?ur de la Terre Les Grisons ont tenté de «vendre», lors d?une visite guidée, le projet Porta Alpina aux parlementaires réunis à Flims. Malgré ce lobbying, ils ne sont pas parvenus à dissiper le scepticisme ambiant Dans les wagons de chantiers brinquebalants qui descendent vers le poste multifonctions de Sedrun, au centre du futur tunnel de base du Gothard, il est difficile de distinguer un parlementaire d'un lobbyiste ou d'un journaliste. Tous portent la même veste et le même casque orange supposés les protéger de tout incident fâcheux.

24 sept. 2006, 12:00
Sans équivoque

Ils étaient nombreux à avoir répondu présent, mercredi, à l'invitation de visiter le chantier. Après tout, c'est aussi pour ça que les Chambres ont décidé de quitter Berne pour les Grisons. Le but de la visite est sans équivoque: il s'agit de vendre aux parlementaires le projet Porta Alpina.

La motivation des participants est plus diversifiée. Elle va de l'intérêt sceptique à l'enthousiasme sans retenue pour cette idée folle: transformer le poste multifonctions en une gare ferroviaire permanente reliée à la surface par un ascenseur de 800 mètres. Le puits existe déjà. Il a été creusé pour des raisons de sécurité. «Cela permettrait de raccorder directement toute la région du Gothard au réseau européen des trains à grande vitesse», s'enflamme le conseiller aux Etats grison Stefan Engler. Un scrutin a eu lieu il y a quelques mois dans le canton: 70% des votants ont voté en faveur du projet. Il n'y a plus qu'à convaincre les Chambres de donner leur feu vert!

Entre l'entrée du chantier et l'ascenseur, il y a 900 mètres que les visiteurs parcourent en quelques minutes grâce au train de chantier. L'ambiance est à la bonne franquette. Tout le monde attend le grand moment, à savoir la descente en ascenseur dans les entrailles de la Terre. Pour l'heure, il s'agit d'un simple monte-charge dans lequel s'entassent plusieurs dizaines de personnes.

La descente dure une minute: elle paraît interminable. On entend ici et là des rires nerveux, mais force est de constater que la démonstration est réussie. «La visite m'a convaincu de la faisabilité technique du projet, commente le président du Parti radical, Fulvio Pelli. Il mérite d'être réalisé si les inconvénients ne sont pas trop importants».

La polémique porte sur les entraves mises au fonctionnement de la transversale ferroviaire par l'insertion de trains régionaux. «Cela vaut-il la peine de perturber le trafic de transit et le transfert rail-route pour quelques dizaines de touristes?», demande l'ex-cheminot Michel Béguelin.

Fervent partisan du projet, le radical zougois Rolf Schweiger rétorque que l'exploitation peut être assurée grâce à la différence de vitesse du trafic voyageurs et du trafic marchandises. Un judicieux échelonnement des départs suffirait, selon lui, à assurer la fluidité du trafic de transit. Les coûts de Porta Alpina sont estimés à 50 millions de francs.

Les Grisons souhaitent que la Confédération prenne en charge la moitié de ce montant. Pour l'heure, les Chambres ont accepté de débloquer 7,5 millions pour des travaux préliminaires, mais cela ne préjuge pas de leur position à venir. Compte tenu de l'état d'avancement des travaux, il s'agissait juste de ne pas laisser passer l'occasion d'examiner la faisabilité du projet.

Position des CFF

Le PDC tessinois Filippo Lombardi n'y croit pas. «Il n'y a ni concept d'exploitation, ni business plan», souligne-t-il. «Si on avait dû faire un business plan pour le Gothard, on n'aurait pas encore donné le premier coup de pioche», répond Stefan Engler.

Tout dépendra de la position des CFF. Or, ceux-ci craignent que le projet ne réduise le nombre de convois pouvant emprunter le tunnel de base. Les Grisons ne peuvent pas non plus considérer comme acquise la solidarité alpine: les Valaisans trouvent qu'il y a loin de Sedrun à la vallée de Conches. Porta Alpina est loin d'avoir gagné la partie. / CIM

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