Les achats militaires à l'étranger sont peu rentables

20 juin 2008, 12:00

Les achats effectués par l'armée à l'étranger n'ont été compensés qu'à hauteur de 40% depuis 1995 par des contre-affaires avec des sociétés suisses, révèle un rapport du Contrôle fédéral des finances (CDF). Jusqu'à présent, les autorités avaient toujours enjolivé ce pourcentage.

A chaque programme d'armement, le Département fédéral de la défense avait mis en avant l'argument de la compensation pour justifier ses dépenses. Cette compensation peut être soit directe (une partie de l'armement acheté à l'étranger est produite en Suisse), soit indirecte (l'acquisition faite dans un pays est compensée par des contrats passés par ce pays avec des entreprises helvétiques).

Or, sur plus de 3 milliards de francs de commandes en retour à des entreprises d'armement suisses par des Etats étrangers, seuls 1,2 milliard sont de réelles affaires compensatoires, selon le rapport du CDF, dévoilé hier par «L'Hebdo» et dont les chiffres ont été confirmés par Michel Huissoud, vice-directeur du CDF.

De ce fait, près de 1,8 milliard de francs résultent d'affaires courantes, mais considérées comme compensatoires, souvent à la demande du client. Au final, environ 2% du chiffre d'affaires des entreprises helvétiques concernées sont dus à un contrat d'armement passé par la Suisse, souligne le rapport.

Ce dernier a été établi sur requête de la commission de la politique de sécurité du National, qui en a pris connaissance en janvier. Mais la Chambre du peuple a refusé de le dévoiler, préférant le transmettre au Conseil fédéral pour qu'il présente «une stratégie cohérente et transparente» d'ici à fin 2008.

Le sujet est d'autant plus brûlant que l'armée testera cet été les nouveaux avions de combat qu'elle souhaite acquérir pour un montant de 2,5 milliards. Un achat qui rappelle celui des F /A-18 dans les années 1990.

Lors de la votation populaire à ce sujet, en 1993, le Conseil fédéral avait annoncé que l'acquisition (3,5 milliards) serait compensée à 100% par des commandes américaines. Or, le rapport révèle que le taux de compensation s'est situé autour de 50%.

Le document montre aussi que 44,7% du volume des affaires compensatoires ont été réalisés par cinq grandes entreprises, dont 10,3% par Ruag, qui appartient à la Confédération. Enfin, il révèle que les entreprises bénéficiant de contre-affaires se situent avant tout entre Zurich et Aarau. / ats