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Le Vietnam fête les 60 ans de la fin de la colonisation française

La déroute de Diên Biên Phu, la plus célèbre bataille entre les troupes coloniales françaises et l'armée communiste du Vietnam, prenait fin le 7 mai 1954. Plus qu'une victoire militaire, c'était la fin de la colonisation française, célébrée aujourd'hui dans tout le pays.

07 mai 2014, 13:39
Le Vietnam est en liesse. Le 7 mai 1954, l'Indochine française disparaissait à Diên Biên Phu.

Anciens combattants, leaders communistes et diplomates se sont rassemblés mercredi dans la ville de Diên Biên Phu pour célébrer le 60e anniversaire de la victoire vietnamienne sur les troupes coloniales françaises. L'événement a scellé la fin de la présence française en Indochine et l'émergence du Vietnam en tant que nation indépendante.

Après 56 jours de combats sanglants, la bataille dans cette cuvette de Diên Biên Phu prend fin le 7 mai 1954 par la chute du camp retranché français.

"Diên Biên Phu a été une étape marquante, éclatante, dans l'Histoire de la nation vietnamienne", a déclaré le président vietnamien Truong Tan Sang lors d'une cérémonie colorée, avec fanfares, chars militaires fleuris et régiments de soldats défilant dans un stade au pas de l'oie.

"C'est une victoire qui a aidé à mettre fin au colonialisme et a amené le Vietnam à son indépendance", a de son côté déclaré le ministre de la Défense Phung Quang Thanh. Il avait au préalable visité le plus grand cimetière de combattants vietnamiens tombés lors de la bataille.

Hommage français

Après la cérémonie officielle, l'ambassadeur de France à Hanoï, Jean-Noël Poirier, et des anciens combattants français d'Indochine se sont recueillis devant un mémorial en l'honneur des hommes tombés pour la France.

"Il est important de se souvenir et d'honorer l'héroïsme de nos soldats qui ont eu à mener une mission très difficile, certains désespérée, qui l'ont fait avec beaucoup de courage et beaucoup de bravoure", a commenté M. Poirier. Le diplomate a souligné qu'il fallait rendre hommage "aux morts des deux camps".

Une victoire vraiment spéciale

Les accords de Genève du 21 juillet 1954, qui marquent la fin de la guerre d'Indochine, entérinent aussi la division du Vietnam entre le Nord communiste et le Sud pro-américain.

Le pays ne sera finalement réunifié qu'après la chute de Saïgon le 30 avril 1975, qui consacre la victoire du Nord, malgré l'engagement militaire américain. Cette guerre du Vietnam a tué jusqu'à trois millions de civils vietnamiens et quelque 58'000 soldats américains.

Sans Diên Biên Phu, la réunification n'aurait pas eu lieu, a insisté Vu Nam Hai, directeur du musée consacré à la bataille. "Diên Biên Phu était une victoire vraiment spéciale".

Tranchée de 400 km

Une victoire possible notamment grâce au génie militaire du général Vo Nguyen Giap, décédé l'an dernier à l'âge de 102 ans. En ce printemps 1954, au rythme d'un déluge d'obus et de combats au corps-à-corps, les soldats des deux camps tombent et leurs dépouilles pourrissent sur les collines.

"C'était très dur, très difficile. Nous devions trouver où l'ennemi était pour prendre chaque position (...) Quand les Français parachutaient du ravitaillement, nous devions le trouver en premier", a raconté Hoang Trong Binh, 83 ans, qui faisait alors partie d'une équipe de reconnaissance.

"Tous les jours, je devais grimper en haut de la colline pour analyser la situation", raconte encore l'ancien combattant en grand uniforme, très "ému", lors de cette cérémonie.

"En seulement un mois, nous avions creusé quelque 400 kilomètres de tranchées autour de Diên Biên Phu, cela a été une clé de notre victoire", a expliqué l'ancien combattant Ngyuen The Tran, 81 ans, venu rendre hommage à ses camarades tombés au combat.

Beaucoup de pertes et de douleur

La bataille fera quelque 10'000 morts côté vietnamien et 3000 morts ou disparus parmi les soldats de diverses nationalités se battant sous le drapeau français. Le 7 mai, le commandement français et 10'000 soldats sont faits prisonniers. Quelque 70% d'entre eux périront dans les mois qui suivent.

Nguyen Thi Tang, 81 ans, qui était messagère pour l'armée du Viet-minh, a rencontré son mari dans les tranchées. "Je ne pouvais pas croire que le Vietnam puisse infliger une défaite aux troupes françaises. C'était une victoire incroyable", a-t-elle indiqué.

"Mais mon coeur est triste également parce qu'après Diên Biên Phu, les Américains sont arrivés, causant beaucoup de pertes et de douleur".

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