D'où la solution, âprement négociée, qui sera proposée en janvier au Grand Conseil, et qui prévoit que la quasi totalité des activités de ce service de l'Etat passe en mains privées, celles du CSEM.
Pas sûr du tout que le législatif laisse filer ce morceau de patrimoine neuchâtelois, gardien de l'heure exacte et témoin privilégié de l'histoire de la chronométrie.
Car le CSEM, même s'il est largement soutenu par les pouvoirs publics, reste une société anonyme, dont les principaux actionnaires sont les barons de l'industrie: Rolex, Swatch Group, Sulzer ou Siemens figurent en tête de liste. Des groupes qui, à leur bilan, dégagent des centaines de millions de bénéfices annuels. Mais qui rechignent à financer la recherche lorsqu'elle n'émane pas de leurs propres laboratoires... Le CSEM lui-même a dû à plusieurs reprises demander aux pouvoirs publics de lui assurer son financement. Le canton de Neuchâtel et la Ville sont certes actionnaires, mais minoritaires.
Alors évidemment, savoir que l'Etat - qui gardera juste en son sein la recherche fondamentale, avec la création d'une nouvelle chaire à l'Université - offre généreusement au secteur privé une institution riche d'un passé et d'un savoir-faire de 150 ans, avec en prime une subvention annuelle de plus d'un million, et lui met gracieusement à dispostion des locaux, savoir tout cela, donc, fera sans doute grincer des dents dans les travées du Château. On a connu le Conseil d'Etat moins généreux...
Si c'est le prix à payer pour que le pôle microtechnique neuchâtelois, dont on nous rebat les oreilles depuis des lustres, soit enfin adoubé par la Confédération, alors soit. Mais nous n'en sommes pas convaincus. Ni au premier, ni au troisième top! / FRk