Le TCS vaudois, en crise, élit une autre conductrice

Ambiance houleuse, hier soir, à l'assemblée générale du Touring club suisse Vaud, deuxième plus grande section du club automobile suisse.

14 juin 2013, 06:51
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L'heure est grave, ça grogne dans le Nord vaudois. Certains rongent leur frein, d'autres klaxonnent leur colère à l'assemblée générale de la section vaudoise du Touring club suisse (TCS). Ce jeudi soir, à Yverdon-les-Bains, la deuxième plus grosse section du pays, avec ses 163 000 membres et 6,5 millions de chiffres d'affaires, cherche à sortir du cul de sac dans lequel elle s'est engagée.

Il est 20h45. Les membres du TCS ont choisi leur issue. La nouvelle présidente sera Pierrette Roulet-Grin: 367 voix contre 147. Véronique Fontana est écartée de la route. Au moment de monter sur l'estrade, deux heures plus tôt, la dame blonde comptait bien rester au volant. Marche arrière.

18h50. Les voyants sont au rouge, comme sa robe. Véronique Fontana, présidente radiée par son comité, se représente à la présidence. "Trouvez-vous normal qu'un secrétaire général utilise des fonds pour chauffer une piscine privée ou protéger un palmier pendant l'hiver? Alors qu'il n'y a ni piscine ni palmier au siège de la section? Il nous faut le meilleur secrétaire général, pas le meilleur copain de l'équipe en place. Le meilleur tout court." On houspille, on applaudit. Les deux camps se trahissent dans la salle.

Chantage, zizanie...

Les "ouh" d'abord. Ceux-là rejoignent le sentiment du comité du TCS Vaud, qui a décidé de radier sa présidente en mars. "Gouvernance par chantage", "abus d'autorité", "agit en cachette", "semeuse de zizanie" lui reprochent, entre autres, ses détracteurs. Ils accusent aussi l'avocate de profession de s'être procuré "des avantages incompatibles avec les statuts" en envoyant les membres du TCS victimes d'accident dans son étude d'avocate.

Le conflit sourdait depuis des mois. Décidée de mettre les grands phares sur une gestion financière qu'elle jugeait trop brumeuse, Véronique Fontana avait demandé un audit financier sur cinq ans. "Dès le début de mon mandat, j'ai eu le sentiment diffus que toutes les informations, notamment financières, restaient pour le moins inconnues de l'ensemble du bureau, en tout cas de sa présidente", a-t-elle déclaré dans la presse.

Le style de conduite de la blonde, jugée trop autoritaire, agace le comité. Il voit rouge quand son ex-présidente, décidée à recourir contre sa décision, dépose une plainte pénale pour escroquerie, abus de confiance et gestion déloyale à l'encontre de son directeur, qui occupe aussi la fonction de secrétaire général.

L'homme affectionne la conduite de tracteurs-tondeuses, manipule son ipod nano et visionne de temps en temps des films sur son home cinéma. Des loisirs qui ne regarderaient que lui s'il ne s'était pas procuré ces objets pour son usage personnel au frais de son employeur, à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de francs. Et livré le matos dans une camionnette du TCS au centre de conduite de Cossonay. Il reconnaîtra en partie ses torts dans une lettre d'excuses.

Les applaudissements dans la salle vont contre lui. Ou pour elle. Une voix se lève. "Faut arrêter le massacre de Madame Fontana, on se croirait en Syrie, ou bien!" Une autre, celle du conseiller national PLR et membre du TCS, Fathi Derder. "Véronique Fontana a oeuvré pour la transparence. On ne peut pas la radier pour cela. Je la soutiens."

D'autres lui reprochent d'avoir livré le secrétaire général en pâture à la presse en ignorant la présomption d'innocence ou hurlent "son incompétence". Leur voix l'a emporté, en lui préférant la candidate du comité.

 

UNE MAUVAISE IMAGE POUR LE TCS SUISSE

"Nous assistons à cette crise du TCS vaudois en spectateurs. Les sections du Touring club suisse sont complètement indépendantes d'un point de vue juridique", commente Moreno Volpi, porte-parole du Touring club suisse. Les remous au sein de la deuxième plus grande section du club automobile ont fait des vagues au-delà des routes vaudoises? "L'image du TCS Suisse a souffert de ces différends internes, surtout quand les relations entre les deux camps ont dégénéré, avec une importante couverture médiatique. Plusieurs membres du TCS ont fait part de leurs inquiétudes", reconnaît Moreno Volpi. "Mais cette affaire est restée, heureusement, avant tout une affaire valdo-vaudoise."