Spécialiste de politique familiale, la Saint-Galloise préconise une mesure toute simple pour résoudre ce paradoxe: il suffirait de supprimer l'imposition des allocations familiales.
Cette mesure constituerait un allègement significatif pour les familles avec enfants, mais elle entraînerait une perte de substance fiscale pour les cantons et les communes. L'idée est en effet d'ajouter les allocations familiales dans la liste des exonérations prévues par la loi sur l'harmonisation des impôts directs des cantons et des communes. La proposition ne concerne pas l'impôt fédéral direct.
Des calculs sur l'effet concret d'une exonération des allocations familiales n'ont été effectués que pour le canton de Saint-Gall, mais cela suffit à donner un ordre de grandeur. Avec deux enfants, les familles disposant d'un revenu de 60 000 à 100 000 francs économiseraient plus de 1000 francs par année, et jusqu'à 1500 francs si les enfants sont en formation. Le canton perdrait pour sa part 44 millions de francs de recettes fiscales.
Rappelons que dès 2009, le montant minimal des allocations familiales sera de 200 francs pour les enfants et 250 francs pour les jeunes en formation, les cantons restant libres de se montrer plus généreux.
Lucrezia Meier-Schatz ne part pas seule au combat. Le président du parti, Christophe Darbellay, était à ses côtés, hier, pour défendre le nouvel allègement fiscal, qui sera soumis à la prochaine assemblée des délégués du PDC puis présenté au Parlement sous forme de motion.
Sachant que les cantons risquent de faire grise mine devant cette entorse à leurs prérogatives fiscales, la Saint-Galloise annonce le dépôt d'initiatives cantonales dans les régions où le PDC est bien représenté. Elle estime par ailleurs que les cantons sont en mesure de faire un geste en faveur des familles après avoir bénéficié de l'or de la BNS.
Le PDC n'est pas le seul parti à faire des propositions en matière de politique familiale. Les radicaux veulent déduire les frais de garde des enfants des impôts, ce qui revient à privilégier les couples où les deux conjoints exercent une activité lucrative. Le PS souligne que la proposition radicale est incompatible avec la flat tax (imposition à taux unique), qu'ils défendent par ailleurs.
La gauche n'est pas davantage séduite par la formule du PDC. «Exonérer les allocations pour enfants avantagerait les revenus élevés», selon la porte-parole du PS, Claudine Godat. «Nous souhaitons une déduction forfaitaire par enfant sur le montant de la facture fiscale.» Reste l'UDC. C'est le seul parti gouvernemental à se désintéresser de la question. Il se contente de réclamer des baisses d'impôt pour tous. / CIM