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«Le mystère demeure autour de l'affaire Widmer-Schlumpf»

«La chute de Christoph Blocher», le documentaire de la TV alémanique qui a poussé l'UDC à sortir de ses gonds, sera diffusé demain soir sur la TSR (voir ci-dessous). Le journaliste Hansjürg Zumstein revient sur son film. Etrange destin que celui de ce documentaire, qui a suscité des dissensions avant même d'être tourné: «Tout avait déjà été dit et, chez nous, tout le monde n'était pas convaincu de la nécessité de revenir sur les événements de décembre 2007», souligne Hansjürg Zumstein, qui a réalisé le film. Après sa diffusion le 6 mars, il ne s'était du reste rien passé. Il a fallu plusieurs jours à l'UDC pour réagir. La parole au réalisateur.

04 mai 2008, 12:00

Vous donnez la parole à des personnes, la socialiste Ursula Wyss et le PDC Christophe Darbellay, qui semblent accréditer la thèse d'un complot anti-Blocher.

Non, le film vise à montrer comment une poignée de personnes de ces deux partis ont réussi à garder le nom d'Eveline Widmer-Schlumpf secret jusqu'au mercredi matin de la réélection du Conseil fédéral, le 12 décembre. C'est cela mon propos, et je crois que le but est atteint.

Avez-vous l'impression d'être un bouc émissaire?

Oui et non. Non parce que mon objectif journalistique, répondre à une question, est atteint. Oui parce que certaines personnes ont retourné leur veste, comme Christophe Darbellay, qui avait accepté toutes les citations et qui avait connaissance de l'intégralité de la retranscription, avec ce que nous coupions et ce que nous conservions des interviews. Il était même très content, juste après la diffusion. Et s'il dit, comme il le fait maintenant, qu'il aurait dû parler de «solide impression» et non de «solides garanties» qu'Eveline Widmer-Schlumpf dirait oui, c'est son bon droit, mais ça ne prouve pas que nous avons mal rapporté des propos, une affirmation totalement fausse.

En ce qui concerne les «solides garanties»: Christophe Darbellay a affirmé la première fois qu'il avait des garanties solides le jour même de l'élection d'Eveline Widmer-Schlumpf. Mes collègues du téléjournal ont diffusé cette interview le soir même. Un mois après, lors de mon interview avec lui, il a réaffirmé qu'il avait des garanties solides. Et maintenant il me critique parce que j'ai diffusé ces propos intégralement. Je trouve que ce n'est pas très sérieux.

La scène où Eveline Widmer-Schlumpf regarde son portable sonner et le tend à Barbara Janom, présidente de l'UDC grisonne, est très critiquée. On a l'impression qu'elle refuse de parler à Ueli Maurer.

C'est la seule scène que je commenterais différemment. Le texte français est d'ailleurs plus clair que la version allemande.

Plusieurs personnages clés n'apparaissent pas dans votre film, ou par le biais d'images d'autres émissions, pourquoi?

Eveline Widmer-Schlumpf n'a cessé de refuser - et nous avons essayé jusqu'à fin février - arguant qu'elle avait tout dit après son élection. Elle a entretemps admis qu'elle aurait dû réagir au film. Le socialiste Andrea Hämmerle a décliné notre demande en disant qu'il avait fait une mauvaise expérience lors d'un autre documentaire avec moi.

Et les proches qui accompagnaient Eveline Widmer-Schlumpf les 12 et 13 décembre, pourquoi ne les avez-vous pas interviewés?

J'avais une excellente source. Grâce à elle, je sais qu'Eveline Widmer-Schlumpf avait voulu - dans un premier temps - refuser l'élection. Après la diffusion, j'ai eu des contacts avec Ueli Bleiker, le vice-président de l'UDC grisonne. Il n'aurait pas pu dire plus que ma source.

Justement, cela tendrait à montrer que la Grisonne n'a participé à aucune opération contre Christoph Blocher?

Je n'ai jamais dit qu'elle avait trahi ou menti et je pense qu'elle ne l'a pas fait. Mais des éléments mystérieux demeurent, notamment le nombre de téléphones ou de SMS échangés avec Andrea Hämmerle ou d'autres et ce qui s'y est dit. Il y a des contradictions qui ne sont pas encore expliquées.

Tous les camps politiques ont dit du mal ou du bien de votre film?

Oui et c'est un compliment ou une critique, selon le point de vue. Personnellement, je déteste les films qui disent à chaque minute aux spectateurs ce qu'ils doivent penser. Je considère le public comme étant capable de juger. / AGI-La Liberté

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