«L'idée ne vient pas de chez nous», s'exclame le professeur Hans-Peter Marti, vice-directeur de Swisstransplant. Au lieu de réveiller les vieux démons, la fondation préfère mettre l'accent sur une meilleure mise en œuvre du système actuel. Il faut dire que la législation suisse sur le don d'organes est toute neuve. La loi sur la transplantation est entrée en vigueur le 1er juillet dernier. Elle repose sur le consentement explicite, ce qui suppose soit que le donneur a exprimé sa volonté de son vivant au moyen d'une carte de donneur, soit que le médecin bénéficie de l'accord des proches. Il n'y a pas de registre des donneurs. Si ceux-ci changent d'avis, il leur suffit de détruire la carte qu'ils ont signée et d'en aviser leurs proches.
Ce système a été adopté notamment pour calmer les craintes irrationnelles suscitées par le don d'organe. «Nul ne doit être contraint de donner ses organes par solidarité», écrivait le Conseil fédéral dans son message aux Chambres en 2001. Pour Viola Amherd, il y a cependant lieu de réexaminer la question au vu de la pénurie d'organes qui affecte notre pays. «En comparaison européenne, la Suisse est en avant-dernière position», fait-elle valoir dans son postulat. A Swisstransplant, le professeur Marti rétorque que le système actuel présente l'avantage d'être bien accepté par l'opinion publique et que sa modification prendrait des lustres.
«Nous travaillons sur d'autres mesures comme une meilleure détection des donneurs potentiels et une approche plus appropriée de la famille». L'exemple vient du Tessin où les donneurs sont nettement plus nombreux que dans le reste du pays. Ce phénomène serait dû à la centralisation de la neuro-chirurgie à Lugano et à l'engagement d'un responsable très motivé.
Le conseiller national Stéphane Rossini (PS /VS) estime lui aussi qu'il est prématuré d'ouvrir la boite de Pandore si peu de temps après l'entrée en vigueur de la loi. Il préconise en revanche des adaptations techniques. Il s'agirait notamment de couvrir les frais de déplacement des donneurs venant de l'étranger. «Imaginez un père vivant dans un pays lointain et qui serait disposé à offrir un rein à sa fille en Suisse».
La motion qu'il a déposée en même temps que Viola Amherd a aussi pour but de combler certaines lacunes de la législation actuelle. «Voyez le cas d'un receveur qui décède avant le donneur vivant. Il n'y a plus aucun assureur pour assumer les coûts des soins dus au donneur car la couverture d'assurance du receveur prend fin avec sa mort». /CIM