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Le Conseil fédéral ouvre la voie au libre-échange agricole

Le Conseil fédéral est prêt à négocier un accord de libre-échange agricole avec Bruxelles. Il faudra 3 à 6 milliards pour amortir le choc, mais, à terme, le résultat sera payant pour toute l'économie. Le mandat de négociations a été approuvé hier par le Conseil fédéral. Elles pourraient démarrer cet automne et aboutir à un accord pleinement appliqué en 2016. Il consisterait à libéraliser l'ensemble des échanges agricoles (produits, moyens de production et industrie alimentaire) entre la Suisse et l'Union européenne (UE). A terme, le gain serait de 0,5% du produit intérieur brut (PIB), soit 2 milliards par an.

16 mars 2008, 12:00

Malgré la politique d'ouverture menée depuis quinze ans dans ce domaine, le secteur agricole bénéficie encore en Suisse d'une forte protection douanière, contrairement aux produits industriels, a relevé Doris Leuthard, ministre de l'Economie, en charge de l'agriculture. Mais la pression exercée par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) finira par avoir raisons de cette protection.

Dans cette perspective, un accord avec l'UE aurait de gros avantages. En libéralisant les échanges avec notre partenaire commercial le plus important, il bénéficierait davantage aux exportations agricoles suisses que ce ne serait le cas dans le cadre de l'OMC. Comme cette négociation multilatérale est actuellement en panne, la voie bilatérale européenne est une opportunité.

Libéraliser les échanges consisterait à supprimer les obstacles existants. Des obstacles tarifaires (droits de douane, contingents, subventions aux exportations) et non tarifaires (prescriptions techniques, étiquetage, homologations). Cela toucherait les produits (lait, animaux de boucherie) mais aussi les secteurs en amont (semences, engrais) et en aval (transformation, chocolat, biscuits).

Il en résulterait un abaissement des coûts de production d'environ un milliard de francs. Les consommateurs profiteraient d'un rapprochement des prix vers ceux de l'UE (jusqu'à une baisse de 25%). Mais un véritable alignement des prix toucherait fortement le revenu des agriculteurs: entre 3 et 6 milliards de francs. Socialement impossible sans compensation, admet Doris Leuthard.

Il faut donc trouver des mesures d'accompagnement, à négocier avec les intéressés. On peut envisager un soutien financier lors de la réorientation, des aides à la reconversion et à la cessation de l'exploitation, la promotion des ventes, les paiements directs ou la promotion de l'innovation. En gros, il faut soutenir les entreprises compétitives et réorienter celles qui ne le sont pas.

Outre le fait qu'on éviterait une ouverture brutale du marché dans le cadre de l'OMC, l'accord avec l'UE - avec des périodes transitoires durant cinq ans - ouvrirait des perspectives pour une agriculture durable, spécialisée et de qualité, estime Doris Leuthard: le prix à payer est un investissement. Le fromage, seul secteur agricole déjà libéralisé avec l'Europe, montre que le succès est possible. / FNU

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