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Le conflit dans la construction menace de mort les bilatérales

Le désaccord entre syndicats et entrepreneurs est la dynamite qui pourrait faire exploser la libre circulation des personnes Le compte à rebours a commencé. Les premières grèves sont annoncées par les deux syndicats Syna et Unia. Elles auront lieu dès le demain et elles sont qualifiées de «régionales», alors que, dès la mi-avril, elles devraient s'étendre à toute la Suisse. C'est que la situation apparaît complètement bloquée, depuis que les entrepreneurs ont refusé le compromis péniblement négocié par le médiateur Jean-Luc Nordmann. D'ailleurs, entrepreneurs suisses et syndicats se sont rencontrés, mardi à Berne, pour constater que leur désaccord est total.

01 mars 2008, 12:00

Les syndicats alertent leurs troupes. «Tous les salariés doivent se tenir prêts à participer aux mouvements de lutte. La Société suisse des entrepreneurs (SSE) n'est pas actuellement un partenaire suffisamment fiable pour qu'il soit possible de compter sur sa bonne foi.» En face, c'est plus confus. Les entrepreneurs tessinois ont signé avec les syndicats une convention. Pourquoi ce qui est possible au Tessin ne l'est-il pas en Suisse romande ou en Suisse alémanique? Pourquoi les entrepreneurs sont-ils à ce point déterminés? Serge Oesch, le directeur romand de la SSE, répond.

Nous continuons de privilégier un accord national. Il faut rappeler que la dispute porte principalement sur un point: la flexibilité. Au Tessin, apparemment, ils se sont mis d'accord sur un horaire flexible mieux adapté aux travailleurs. Pour nous, cet aspect est fondamental. L'entrepreneur est un pragmatique qui pense chantier. Plus de 80% des entreprises de gros ?uvre sont des PME. Le patron est sur le chantier. Il règle les problèmes concrets avec ses travailleurs. Sur ce point, le résultat de la médiation n'est pas clair. Il est même bureaucratique et contestable quant à son interprétation.

Une convention romande est-elle possible?

Oui. Mais est-elle sensée? Elle n'aurait une utilité que pour une courte période. Les entrepreneurs romands se sont réunis le 8 février. Nous avons décidé d'analyser sérieusement avantages et inconvénients d'un tel accord. Bien sûr, les entrepreneurs romands sont a priori plus ouverts au dialogue social. Et ils sont plus en contact avec les syndicats. A Genève, dans le secteur de la construction, plus de 80% des travailleurs sont syndiqués. En Suisse centrale par exemple, dans certaines régions, le taux peut n'atteindre que 10%. Des grèves signifient coups de canif dans la paix du travail. Et menaces sur le vote si important de la libre circulation des personnes.

Etes-vous conscients, vous entrepreneurs, de votre responsabilité?

La SSE s'est toujours prononcée pour les bilatérales. Les syndicats utilisent les grèves comme moyen de pression. Nous avons l'habitude de ce chantage. Mais j'aimerais mettre l'accent sur un paradoxe. En automne 2007, les grèves les plus dures ont eu lieu à Genève. Ainsi les entrepreneurs les plus enclins au dialogue social sont ceux qui ont été le plus pénalisés. C'est ce qui explique que, lors du vote sur le compromis Nordmann, une majorité de ceux qui ont accepté étaient Romands certes, mais d'autres ont refusé, parce qu'ils avaient très peu goûté l'épisode des grèves. /PPA

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