Le chef du Département de justice et police admet que les statistiques manquent dans ce domaine et «ne permettent pas de tirer des conclusions sur l'étendue de la violence juvénile». Entre les infractions réellement commises et l'exécution effective des peines prononcées, il existe un «chiffre noir» de la criminalité qui n'apparaît pas, assure-t-il.
Mais il ajoute: «On peut toutefois conclure de ces statistiques que la propension des jeunes à la violence s'est nettement accrue ces dernières années.» Il s'agit de statistiques sur les lésions corporelles (simples et graves) où le nombre de mineurs impliqués a doublé entre 1999 et 2006. Augmentation similaire dans la statistique des jugements pénaux.
Les causes de ce phénomène? Elles sont multiples, selon Christoph Blocher, qui s'en prend particulièrement au manque de surveillance parentale et à une éducation chaotique. Mais il y a aussi les problèmes à l'école, l'association à une bande, l'appartenance à un milieu défavorisé, l'arrière-plan culturel et le manque d'intégration des jeunes étrangers.
A ce propos, les statistiques disponibles montrent aussi que les mineurs étrangers sont plus nombreux que les mineurs suisses dans les jugements pénaux, mais que la différence s'amenuise: 57% d'étrangers contre 38% de Suisses en 1999, 50% contre 46% en 2005. A noter que l'UDC prépare une initiative pour le renvoi des étrangers criminels.
Christoph Blocher n'est pas favorable à un renvoi non-réfléchi des délinquants étrangers mineurs, s'ils doivent se retrouver sans aucun lien dans leur pays d'origine. Rendre les parents responsables de leurs enfants en menaçant d'expulsion toute la famille en cas de délits graves, ce serait probablement efficace, dit-il, admettant qu'une telle mesure est très contestée.
Ses propositions se limitent donc à des mesures de la compétence de son département (police, justice, migrations). Dans un premier temps, et pour ce qui touche aux étrangers, elles vont des pressions sur les cantons pour une exécution des renvois plus systématiques, à des échanges plus fouillés entre les instances de naturalisation et la police et l'école.
Quant aux statistiques, il apparaît urgent de disposer de données fiables sur la question des récidivistes. Dans les pays où ces chiffres existent, ils montrent que 4 à 6% des mineurs d'une classe d'âge est responsable de 40 à 60% des délits commis par cette même génération. Le rapport et les propositions ont été envoyés en consultation aux milieux concernés. / FNU