Votre publicité ici avec IMPACT_medias

La Suisse n'est pas près d'avoir un bébé-médicament

Le bébé-médicament: une expression porteuse d'espoir pour les familles dont leur enfant victime d'une maladie génétique grave est dans l'attente d'une greffe. La France vient d'enregistrer la première naissance du genre.

11 févr. 2011, 12:11

Et la Suisse? Elle n'est pas près de s'y mettre. La loi sur la procréation médicalement assistée interdit le diagnostic préimplantatoire (DPI) et le bébé-médicament en Suisse.

Pourtant, entre 50 à 100 familles ont besoin chaque année d'un DPI pour leur enfant, estime Matthias Bürgin, biologiste et juriste, responsable du projet Diagnostic préimplantatoire à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Il faut dire que ce diagnostic permet d'éviter la transmission d'une maladie génétique grave. Elle sert aussi à sélectionner un embryon pour créer un bébé-médicament. De quoi pousser certains couples suisses au tourisme médical. Ils se rabattent sur les cliniques tchèques ou belges. Un premier bébé-médicament helvétique est ainsi né en 2005: c'était en Belgique.

Mais le Parlement n'a-t-il pas accepté en 2005 une motion donnant au Conseil fédéral le mandat d'élaborer un projet de loi visant à autoriser le DPI en Suisse? «Pour des raisons inexplicables, les choses ont traîné à l'OFSP», déplore Gabriel de Candolle, président de la Société de médecine de la reproduction (SMR). «Les lois d'application n'ont toujours pas été définies.» Une révision de la loi est toutefois en cours. «Dans trois à quatre mois, le Conseil fédéral ouvrira une procédure de consultation», avance Matthias Bürgin. «Il veut permettre le DPI, mais dans un cadre très strict, c'est-à-dire dans le cas de maladie grave», précise Matthias Bürgin.

«On a bon espoir que cette révision passe», glisse Gabriel de Candolle. La Société de médecine de la reproduction se bat d'ailleurs pour l'autorisation du DPI afin d'éviter la transmission d'une maladie grave comme la myopathie Duchenne ou la chorée de Huntington.

Actuellement, un couple porteur d'une maladie génétique doit recourir à l'amniocentèse au cours du premier trimestre de la grossesse. En cas de risque d'affection, la grossesse est interrompue. Tandis que le DPI se pratique avant la grossesse dans le cadre d'une fécondation in vitro.

Le diagnostic préimplantatoire sert à la sélection des embryons non porteurs de la maladie du frère ou de la sœur. «Après l'analyse de la cellule, on remet les embryons sains», explique Gabriel de Candolle.

«C'est mieux que de réaliser une interruption de grossesse car celle-ci est traumatisante pour la famille et pose des problèmes éthiques importants.» Mais le DPI peut être pratiqué dans une autre optique, bien plus controversée: celle de mettre en route un enfant pour soigner son frère ou sa sœur malade. Comme dans le cas que vient de connaître la France. «Le bébé-médicament n'est pas à l'ordre du jour en Suisse», fait remarquer Gabriel de Candolle. «Il faut un large débat de société avant.»

C'est que la question éthique divise, même si ces bébés ne sont pas modifiés génétiquement. Certains milieux dénoncent l'instrumentalisation de l'enfant. Des voix se sont élevées du côté de la sphère catholique après la naissance en France du premier «bébé du double espoir». /TJA-La Liberté

Votre publicité ici avec IMPACT_medias