Les rails, sous lesquels le sol s'est littéralement dérobé, ont pris un aspect curieusement gondolé, et plusieurs des mâts métalliques supportant les lignes électriques aériennes penchent vers le sol. Impossible de faire circuler le moindre train dans ces conditions.
«Il y a eu un glissement de terrain en profondeur», explique l'ingénieur civil Francis Toledano, chef de projet aux CFF. «Nous essayons actuellement de déterminer d'où provient l'eau qui s'est infiltrée.» Afin de réaliser des sondages géologiques, le talus a été entièrement déboisé par l'entreprise broyarde Agribois. «Nous avons évacué environ 70 m3 de bois», explique son directeur Frédéric Lehmann. Le tout sera transformé en copeaux et valorisé.
Les sondages devraient permettre de déterminer la composition géologique exacte du remblai, et la nature des eaux (de surface ou de profondeur) à l'origine de l'incident. «Ce talus a été construit ainsi il y a 70 ans, et il n'y avait jamais eu de problème auparavant», poursuit Francis Toledano.
La zone est cependant considérée «à risque» d'un point de vue géologique. Un kilomètre plus à l'est, une portion de remblai avait dû être «ancrée» dans le sol il y a une grosse dizaine d'années, afin d'éviter tout risque de glissement. Une autre zone, située 500 m à l'ouest, a subi le même traitement.
S'il fallait procéder de la même manière pour le tronçon actuellement sinistré, le chantier prendrait une envergure certaine - et l'interruption de la ligne se prolongerait d'autant plus. Il pourrait y en avoir pour des mois, a laissé entendre, dimanche soir, la TV alémanique. Cette perspective met visiblement les CFF mal à l'aise. «Les géologues se prononceront à la fin de la semaine», lâche Francis Toledano. «Nous travaillons 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour aller le plus vite possible. Notre priorité est d'assurer la sécurité des voyageurs.»
Jean-Louis Scherz, porte-parole des CFF, ne souhaite pas davantage se prononcer sur la durée des travaux. «Ce qui est certain, c'est que les précipitations exceptionnelles de la semaine dernière ont confirmé l'instabilité géologique de la région de Flamatt. Ce problème se retrouve ailleurs en Suisse: un affaissement semblable s'est produit près de Rosshaüsern, entre Berne et Gümmenen.» /MRZ-La Liberté