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La fièvre contestataire gagne également la Suisse

14 oct. 2011, 07:02

Les «indignés» essaiment aussi en Suisse. Dans la foulée notamment des anti-Wall Street américains, les contestataires helvétiques fustigent le système financier et un manque de démocratie. Pour Florence Passy, spécialiste des mouvements sociaux, le succès passe par une mobilisation forte dans la durée, et des relais politiques.

«We are change» et «Echte-Demokratie-jetzt» sont parmi les groupements actifs sur le sol suisse. «We are change» est à l'origine de la contestation actuelle contre Wall Street aux Etats-Unis. «Nous avons beaucoup d'échanges avec les Etats-Unis, les mêmes thèmes sont adaptés» au contexte helvétique, indique Fabian Fuhrer, membre de «We are change»/Suisse. «Nous nous rejoignons dans la critique du système financier et bancaire. Actuellement, les banques ont plus à dire que les citoyens», estime-t-il. «Nous sommes pour un système financier transparent. Les banques centrales doivent aussi être étatiques, et non en partie privées comme aujourd'hui», dit-il. Des actions sont prévues demain au niveau mondial pour exiger un contrôle du secteur financier.

«La critique du système économique actuel, qui dessert l'humain, et la remise en cause des autorités politiques, notamment leur inaction et leur compromission à l'égard des élites économiques et financières, se retrouvent dans l'ensemble des contestations dites des «Indignés», relève de son côté Florence Passy, professeure associée à la Faculté des sciences sociales et politiques de Lausanne. Comme l'idée «qu'il n'y a pas d'offre permettant à ce type de griefs d'être relayés par un parti lors des évènements habituels de la démocratie». «Mais il y a aussi des revendications propres à chaque pays», souligne la spécialiste.

Ces mouvements de contestation, où sont distingués souvent des groupes préexistants - contestataires du G8, du G20 ou anarchistes et anticapitalistes aux Etats-Unis - «sont en phase d'émergence», note aussi Florence Passy. «Il n'existe pas un seul acteur collectif, mais un faisceau d'organisations. Et pas encore de revendications précises, contrairement aux révoltes arabes, par exemple, où l'objectif - mettre les dictateurs dehors - était clair», dit-elle également.

Pour Florence Passy, «On est dans une phase où ça peut se maintenir comme s'essouffler». Actuellement, ces mouvements ne constituent pas encore «un vrai défi». Il faudrait que la contestation soit «soutenue dans la durée» et plus massive. Enfin, ils doivent trouver «des relais politiques», même s'ils fustigent l'impuissance des autorités et ne veulent pas être récupérés politiquement. «S'ils restent totalement en dehors du système, il est difficile que leurs revendications le pénètrent. Ou alors on est dans une dynamique révolutionnaire, ce qui n'est pas le cas ici», poursuit Florence Passy. «Les relais politiques sont importants pour tout type de contestation politique, comme ce fut le cas lors du mouvement pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis», illustre Florence Passy.

Quoi qu'il en soit, les mouvements sociaux sont importants pour inscrire les problématiques dans l'agenda public et politique.

Mais c'est un long processus: certaines revendications émises dans les années soixante ne débouchent qu'aujourd'hui sur des décisions politiques, comme la sortie du nucléaire. ats

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