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La corde pour Saddam

L'ancien président Saddam Hussein écope de la peine de mort pour crimes contre l'humanité. La justice le condamne à la pendaison pour le massacre de 143 chiites dans le village de Doujaïl en 1982 Saddam Hussein a été condamné à mort par pendaison hier pour les crimes contre l'humanité commis en 1982 lors du massacre de 143 chiites à Doujaïl. Le verdict a déclenché manifestations de joie et violences en Irak, mais l'ancien dictateur ne sera pas exécuté avant la fin de la procédure d'appel, automatique dans le système judiciaire irakien.

06 nov. 2006, 12:00

L'ex-raïs a réagi avec colère, interrompant le juge du Haut Tribunal pénal irakien à Bagdad, comme il l'a fait tout au long du procès, et lançant à l'énoncé du verdict «Dieu est grand», «Longue vie au peuple et mort à ses ennemis! Longue vie à la glorieuse nation et mort à ses ennemis!».

Demi-frère condamné

Le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan Ibrahim al-Tikriti, chef des services de renseignement irakiens à l'époque du massacre, et Awad Hamed al-Bandar, ancien chef du tribunal révolutionnaire irakien, ont également été condamnés à mort.

Quatre autres coaccusés ont écopé, pour l'ancien vice-président irakien Taha Yassin Ramadan, de la prison à perpétuité et pour Abdullah Kazim Ruwayyid, Mizhar Abdullah Ruwayyid et Ali Dayih Ali, anciens responsables du parti Baas, de 15 ans d'emprisonnement. Un autre responsable baasiste, Mohammed Azawi Ali, a été acquitté.

Si le verdict a été accueilli par des manifestations de joie à Bagdad, des affrontements ont aussi éclaté dans le quartier d'Azamiyah, à majorité sunnite, dans le nord de la capitale, où la sécurité avait été renforcée ces derniers jours. «Ce gouvernement sera responsable des conséquences, de la mort de centaines, de milliers et même de centaines de milliers de gens dont le sang sera versé», a prévenu un dirigeant politique sunnite, Salih al-Mutlaq, sur la chaîne de télévision al-Arabiya.

A Takrit, ville natale de Saddam Hussein, un millier de personnes sont descendues dans les rues malgré le couvre-feu en brandissant des portraits de l'ancien président et en dénonçant les «forces d'occupation» américaines.

Selon son principal avocat Khalil al-Dulaimi, Saddam Hussein a pourtant appelé les Irakiens au calme. «Pardonnez et ne vous vengez pas des nations occupantes et de leurs populations», aurait-il dit dans un message, en demandant à ses compatriotes de «s'unifier face aux conflits interreligieux». Cela ne l'a pas empêché après le verdict, prononcé à l'issue d'un procès de neuf mois et un délibéré de trois mois et demi, de prédire la défaite des «hommes de Perse (réd: l'Iran, majoritairement chiite) et des Etats-Unis».

Le premier ministre chiite Nouri al-Maliki a quant à lui estimé que ce procès marquait la fin d'une période noire pour l'Irak. Le président Jalal Talabani a, lui, trouvé que le procès avait été «équitable».

La justice irakienne continue de suivre son cours. La condamnation à mort est automatiquement examinée en appel, sans limite de temps, par un collège de neuf juges. Si elle est confirmée, les exécutions auront lieu dans les 30 jours. Un responsable judiciaire a déclaré que l'appel devrait prendre trois à quatre semaines, une fois la procédure administrative lancée.

Campagne Anfal

Parallèlement, le procès de Saddam Hussein continue dans le dossier de la campagne Anfal de 1987-88, qui s'était soldée par le massacre d'environ 200.000 Kurdes. Il encourt aussi la peine de mort.

Dans les deux cas, l'ex-président irakien, renversé en avril 2003 et arrêté en décembre de la même année, n'a reconnu aucune légitimité au tribunal, ponctuant les audiences d'invectives et recourant au boycott ou à la grève de la faim. Pour mémoire, au moins trois avocats ont été tués pendant le procès de Doujaïl, et le premier président de la cour, soumis à des pressions politiques, a été remplacé. / HHE-ap

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