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L'UDC veut enterrer toute idée d'accord agricole avec l'Union

Le Parlement va être appelé par l'UDC à bloquer les négociations engagées entre la Suisse et l'UE, en vue d'un accord de libre-échange agricole. La Suisse y serait largement perdante. Il n'y a d'ailleurs pas qu'à l'UDC que se manifestent des réticences.

02 nov. 2010, 11:54

La conclusion d'un accord de libre-échange agricole avec l'UE engendrera une «baisse importante des prix payés aux producteurs, alors que les facteurs de coûts (main-d'œuvre, énergie, carburants) ne baisseront pas», estime Walter Willener, président de l'Association suisse pour un secteur agroalimentaire fort (Assaf). Selon lui, il s'ensuivra la disparition de 20 000 à 30 000 emplois liés à l'agriculture.

Devant la presse hier, le conseiller national Rudolf Joder (UDC/BE) a expliqué qu'il fallait régler cette affaire rapidement. Aujourd'hui se réunit la commission économique du Conseil national, qui devra traiter de sa motion (doublée d'une initiative parlementaire) qui réclame l'arrêt «immédiat et définitif» des négociations. On pourrait donc avoir un premier débat en décembre. Car le mandat de négociation n'a «pas d'assise politique».

Le Conseil fédéral, lui, estime avoir respecté la procédure en consultant les commissions parlementaires compétentes et les cantons - qui ont soutenu le mandat de négociation. Le Parlement se prononcera de toute manière, mais sur le résultat des négociations. Le gouvernement rappelle que le mandat couvre les domaines de l'agriculture, de la sécurité alimentaire et des produits, et de la santé. Et que le tout est lié.

Mais Rolf Joder est convaincu qu'on peut sortir le volet agricole du paquet. L'argument de baisse de prix qu'un accord devrait entraîner est d'ailleurs «faux», ajoute Walter Willener: depuis 1990, les prix à la production ont baissé de 25% alors que les prix à la consommation ont augmenté de 15%. Un écart croissant dû à une récupération importante des marges par la grande distribution (Migros-Coop), dit-il.

A cela s'ajoutent de sérieux doutes quant à la qualité des produits. L'introduction, en juillet, du principe du «Cassis de Dijon» en donne une première idée, estime encore Walter Willener: «On importe maintenant du sirop de framboise avec 10% de fruits au lieu de 30%, de la limonade italienne à la taurine, du jambon autrichien recomposé». La question de la qualité est aussi une préoccupation de la Fédération romande des consommateurs.

La FRC est favorable à la poursuite des négociations, mais à condition qu'on y intègre des paramètres auxquels les consommateurs sont attentifs, au-delà de la seule question des prix: provenance des produits, qualité, fraîcheur, conditions de production (environnement, protection des animaux, social). Il ne faudrait pas non plus que l'information par l'étiquetage - un grand progrès obtenu dans ce domaine - s'en trouve affaiblie.

Au niveau politique, les Verts sont opposés à un accord qui n'assurerait pas la qualité des produits (l'avenir de l'agriculture suisse est «dans le bio») et une production de proximité. Au PS, on voit dans un accord avec l'UE une sorte de bouclier contre les accords, jugés beaucoup plus destructeurs, qui seraient décidés dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Mais le PS réclame de fortes mesures d'accompagnement.

Le PDC a attendu que Doris Leuthard quitte le Département de l'économie (chargé de l'agriculture) pour exiger, non pas l'abandon, mais une «suspension» des négociations avec l'UE. Quant au PLR, en principe favorable à un accord de libre-échange, il propose de laisser le Conseil fédéral négocier et de juger ensuite. Mais il n'est pas unanime. Le Neuchâtelois Laurent Favre note qu'un accord global condamnerait la production suisse de fruits et légumes. /FNU

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