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L'UDC doit aussi réfléchir aux suites de la votation sur l'immigration

Les milieux économiques suisses souhaitent que l'UDC prenne sa part de responsabilité dans la concrétisation de l'initiative contre l'immigration de masse.

02 mars 2014, 15:47
L'UDC doit réfléchir aux suites de la votation

Les patrons des patrons ont insisté ce week-end auprès de Johann Schneider-Ammann pour que l'UDC soit intégré au groupe de travail sur l'immigration, créé pour donner suite à la votation du 9 février dernier.

Lors d'une table ronde organisée samedi à Berne par le ministre de l'économie, les représentants des grandes associations économiques se sont accordés sur l'importance "que les initiants fassent partie de toute la procédure", a rapporté à l'ats Heinz Karrer, le président d'economiesuisse. Une unanimité qui a sans surprise fait le bonheur de son homologue de l'Union suisse des arts et métiers (usam), l'UDC Jean-François Rime.

Dans un communiqué diffusé la veille, le parti blochérien s'était déclaré "consterné" de la décision du Conseil fédéral de ne pas l'inclure dans le groupe de travail chargé de la mise en oeuvre du texte adopté par les Suisses le 9 février. Ce groupe comprendra les représentants de l'Union patronale suisse, de l'usam, de l'Union syndicale suisse, de Travail.Suisse, d'economiesuisse, des cantons et des communes.

Dans une interview accordée à la "SonntagsZeitung", le chef du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR) a défendu cette mise à l'écart de l'UDC. Selon lui, le dossier ne concerne désormais plus les auteurs du texte mais le gouvernement. "Le travail principal sera effectué par le groupe d'experts mais les initiants seront consultés", a-t-il ajouté.

Mise en oeuvre rapide

Outre leur unanimité à exiger l'intégration de l'UDC au processus de concrétisation de l'initiative, les milieux économiques ont "tiré à la même corde" sur de nombreux autres points lors de la table ronde, a précisé M. Karrer. Ils souhaitent notamment tous que la mise en oeuvre se fasse rapidement. Cet aspect est essentiel "afin que nous puissions planifier et nous adapter", a commenté Jacques Bourgeois, le directeur de l'Union suisse des paysans.

Dans un entretien paru dans la "Zentralschweiz am Sonntag", Aymo Brunetti abonde dans le même sens. Si les mesures d'application de l'initiative demeurent trop longtemps floues, "les investissements pourraient s'en trouver freinés", avertit le professeur d'économie, qui dirige un groupe d'experts sur la place financière suisse.

Parmi les autres revendications communes relayées samedi à M. Schneider-Ammann figure la différenciation entre les ressortissants des pays de l'UE et des pays tiers. "Le maintien de ces deux cercles est essentiel", affirme Jacques Bourgeois.

Jean-François Rime, lui, rapporte que les participants se sont accordés à dire que "la question des frontaliers doit être traitée de façon différenciée, afin de tenir compte des besoins spécifiques de l'économie". De nombreuses voix se sont par ailleurs élevées pour demander que les bilatérales soient préservées à tout prix.

Demandes sectorielles

Même si les associations économiques affichent un front commun, les responsables de la concrétisation de l'initiative devront faire face aux requêtes et inquiétudes spécifiques des différentes branches. Dans une prise de position diffusée samedi, l'Association suisse des banquiers (ASB) exige par exemple que les étrangers domiciliés en terres helvétiques soient considérés comme des Suisses.

De son côté, le président de Novartis Jörg Reinhardt s'inquiète dans une interview au "Matin Dimanche" des éventuelles retombées à long terme du "oui" du 9 février pour son entreprise. "Des personnes venues d'une centaine de pays circulent sur notre campus et nous espérons qu'il en sera toujours ainsi".

Au contraire, Hans-Ulrich Bigler craint que les grandes industries et celles à haute valeur ajoutée, telle que l'industrie pharmaceutique, ne soient trop favorisées. Dans la "NZZ am Sonntag", le directeur de l'usam appelle à "une répartition juste des contingents".

S'il comprend toutes les inquiétudes liées à l'initiative, le conseiller fédéral Alain Berset se veut pour sa part rassurant. Dans les colonnes de "La Liberté" de samedi, le socialiste a rappelé que "l'UE profite elle aussi des échanges avec les chercheurs de pointe de nos universités et écoles polytechniques". Ne serait-ce que pour des questions migratoires, "nous avons intérêt à chercher ensemble des solutions".

Manifestation à Berne

Les représentants de l'économie ne sont pas les seuls à avoir donné de la voix durant le week-end. Quelque 10'000 personnes ont manifesté sur la Place fédérale à Berne en faveur d'une Suisse ouverte et solidaire. Cet événement national avait été mis sur pied par près de 60 partis, syndicats et organisations, dont plusieurs associations d'étrangers.

En prélude au rassemblement, quelque 300 personnes ont défilé contre le racisme. Globalement, ces manifestations se sont déroulées dans le calme, a indiqué la police cantonale bernoise. Quelques déprédations ont toutefois été commises dans la zone de la Place fédérale.
 

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