Car il faut se rendre à l'évidence: pour avoir trop attendu et agi en ordre dispersé, nous ne pouvons plus seulement combattre les causes des émissions de CO2 en les réduisant. Nous devons aussi nous protéger contre les menaces climatiques qui planent aujourd'hui et financer la réparation des dégâts déjà enregistrés, assure le ministre de l'Environnement.
La taxe proposée, poursuit-il, représenterait aussi une compensation à «l'injustice du changement climatique». Le réchauffement touche en effet plus durement ceux qui, dans le Sud, n'y ont pas contribué. Par ailleurs, la taxe s'inscrirait parfaitement dans cette «union des intérêts» (économiques et écologiques) voulue par le Protocole de Kyoto (1997).
Moritz Leuenberger a appelé à conclure en 2009 les négociations sur le régime de Kyoto et les engagements à prendre après 2012: «Tout autour de la planète, notre travail est suivi avec grande attention». Le conseiller fédéral s'est aussi adressé, sans les nommer, aux Etats-Unis, qui n'ont pas signé le protocole: «Il n'est jamais trop tard pour revenir sur une erreur».
«Même le plus puissant des pays ne peut braver seul la catastrophe climatique, parce que le réchauffement et toutes ses conséquences - par exemple les migrations - ne connaissent pas de frontières, même pas celles des très grands», a-t-il souligné. Il y a un défi commun à relever, ici à Nairobi: «Nous payerons tous le prix d'une défaite, nous et nos enfants».
Interrogé par la Radio suisse romande après son discours, Moritz Leuenberger a rappelé le projet de taxe sur le CO2 en Suisse. Un «centime climatique» (1,5 centime) est prélevé sur les carburants depuis un an, mais le Parlement n'a pas encore voté la taxe sur les combustibles. «Un échec réduirait à néant la crédibilité de la proposition de taxe mondiale», s'inquiète-t-il.
Dans un communiqué, le Parti socialiste (PS) constatait hier que le Parti démocrate-chrétien avait la possibilité de débloquer la situation. Si ses représentants au Conseil des Etats ne se divisaient pas sur la question, la taxe sur les combustibles passerait comme ce fut le cas au Conseil national. Le PS pousse d'ailleurs à l'introduction d'une véritable taxe également sur les carburants.
Il y a dix jours, le premier ministre français, Dominique de Villepin, avait proposé une taxe CO2 sur l'importation dans l'Union européenne (UE) de produits venant de pays qui refusaient de s'engager à réduire leurs émissions. Il visait clairement la Chine et les Etats-Unis, les plus gros producteurs de CO2: respectivement 4,7 et 5,9 milliards de tonnes par an (contre 3,5 pour l'UE). / FNU