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L'habit du néonazi ne fait pas forcément le raciste

08 nov. 2007, 12:00

Tabasser des étrangers ne tombe pas forcément sous le coup de la norme antiraciste. Le Tribunal fédéral (TF) accepte le recours d'un jeune néonazi et juge que son crâne rasé et son allure de skinhead ne suffisaient pas à signer ses actes.

Avec un comparse, le jeune homme s'était déchaîné contre deux Tamouls et un Bosniaque handicapé, qu'ils avaient croisés lors de leurs virées nocturnes à Lucerne, en 2002. Les deux agresseurs, âgés à l'époque de 18 et 20 ans, n'avaient jamais caché leur haine des étrangers.

En deuxième instance, le Tribunal du canton de Lucerne leur avait infligé trois ans et demi et trois ans de réclusion pour lésions corporelles et discrimination raciale. Il avait jugé que l'une des conditions de la discrimination raciale était remplie, car le caractère raciste de l'agression était «ostentatoire».

Même s'ils n'ont pas insulté leurs victimes, les néonazis portaient les signes distinctifs caractéristiques, soit des blousons doublés de fourrure orange à l'intérieur et des pulls de marque Lonsdale. Il y avait même une inscription «skinhead» cousue sur leur veste.

En dernière instance, le TF ne partage pas ce raisonnement. Selon lui, seuls les initiés savent que les vestes avec une doublure intérieure orange et les pulls Lonsdale sont des signes de reconnaissance. Les néonazis referment en effet leur blouson sur le pull de manière à ne laisser apparaître que les lettres «nsda» de Lonsdale, soit le sigle du parti nazi allemand «Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei».

Le TF note également que les inscriptions cousues sur les habits ne mesuraient que quelques centimètres. De nuit, des passants n'auraient pas pu déceler le caractère raciste de l'agression, estiment les juges fédéraux. Ceux-ci ont donc annulé le verdict du Tribunal cantonal lucernois. La condamnation du jeune pour lésions corporelles n'est en revanche pas remise en question.

Le président de la commission juridique de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a estimé que si l'arrêt du TF est de prime abord surprenant, il n'est, au fond, «pas si mauvais que ça». Pour la première fois, «le Tribunal fédéral dit clairement que l'apparence néonazie peut être considérée comme un délit à partir du moment où elle est perceptible par le grand public», s'est réjoui Philippe Nordmann. Selon lui, les juges lausannois ont aussi tenu compte du fait que la principale victime était un Blanc.

Si l'agressé avait été de couleur, le jugement aurait été différent, le grand public ne pouvant faire autrement que de percevoir l'agression comme raciste, a analysé Roger Nordmann, qui a rappelé que l'acte de violence reste puni en tant que tel par le TF. / ats

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