L'armée appelle à la reprise des activités économiques

Après la révolte politique, les mouvements sociaux se multiplient en Egypte. Cette situation a amené l'armée, qui détient les pleins pouvoirs depuis la chute du président Hosni Moubarak, à appeler hier à l'arrêt des grèves pour ne pas entraver la reprise économique.

15 févr. 2011, 12:23

Des arrêts de travail et des manifestations ont lieu dans les transports, la banque, le pétrole, le textile et même des médias officiels et certains organismes gouvernementaux, pour demander des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail. Le conseil suprême des forces armées a déclaré dans un communiqué que «les Egyptiens honorables voient que ces protestations en ce moment délicat» ont des «conséquences négatives» pour le pays.

La Bourse du Caire, fermée depuis plus de deux semaines, a fait savoir qu'elle ne reprendrait pas ses activités avant dimanche (premier jour ouvré de la semaine en Egypte) en raison des perturbations dans le secteur bancaire.

Au pied du sphinx et des célèbres pyramides de Gizeh, plusieurs centaines de guides touristiques égyptiens, au chômage technique faute de clients, ont organisé un rassemblement pour appeler les visiteurs à revenir. Sur le plan politique, des cyber-militants à l'origine de la révolte qui a provoqué la démission vendredi du président égyptien Hosni Moubarak ont rencontré l'armée pour discuter des réformes démocratiques promises, après la dissolution du Parlement et la suspension de la Constitution. Selon eux, les militaires ont l'intention de proposer des amendements à la Constitution dans les dix prochains jours et de soumettre ces changements à un référendum dans deux mois.

Le conseil suprême des forces armées a indiqué dimanche qu'il prenait «en charge la direction des affaires du pays provisoirement pendant six mois, ou jusqu'à la fin des élections législatives et de la présidentielle», tout en maintenant, pour la gestion des affaires courantes, le gouvernement formé par Hosni Moubarak le 31 janvier.

«L'armée a affirmé qu'elle n'aspirait pas à gouverner l'Egypte, et que l'avenir de l'Egypte résidait dans un pouvoir civil», ont affirmé deux cyber-militants, Waël Ghonim, un jeune informaticien du géant américain Google devenu icône du soulèvement, et le blogueur Amr Salama.

La presse égyptienne quant à elle multipliait les récits sur les derniers jours d'Hosni Moubarak. L'ancien président est présenté comme un homme plongé dans la confusion, entre un ministre de l'Intérieur qui lui cachait la vérité sur l'ampleur des manifestations, et son fils Gamal, dauphin présumé, qui le poussait à adopter une ligne dure.

Les deux fils d'Hosni Moubarak en seraient pratiquement venus aux mains, l'aîné Alaa accusant Gamal d'avoir «sali l'image» de leur père en inspirant un de ses discours qui a provoqué la colère de la foule.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean- Claude Juncker, s'est dit favorable à un gel des avoirs d'Hosni Moubarak, à l'instar de la décision prise vendredi par la Suisse. Le porte-parole de la Banque nationale suisse a indiqué qu'à la fin 2009, les avoirs égyptiens dans les banques suisses étaient de «3,6 milliards de francs, dont 1,2 milliard au titre d'opérations fiduciaires».

La porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Maja Kocijancik, n'a pas exclu le gel des avoirs égyptiens au niveau européen, mais indiqué que l'UE attendrait une demande du Caire pour agir. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a annoncé que Le Caire avait demandé à la Grande-Bretagne le gel d'avoirs d'ex-responsables égyptiens, sans citer spécifiquement le président égyptien déchu Hosni Moubarak. /ats-afp