«Le Conseil fédéral a décidé de suivre une voie différente de celle que je préconisais. Dans l'intérêt de l'entreprise, il est préférable qu'un autre visage défende la nouvelle stratégie», a déclaré Jens Alder, sans cacher qu'il perdait un «morceau de son identité» en quittant Swisscom après six années passées à sa tête. «Je pars sans aucun ressentiment, a-t-il poursuivi, car l'actionnaire principal a tout à fait le droit d'imposer ses vues.» Jens Alder a encore tenu à préciser qu'il n'écrirait pas de livre, mais ne savait pas encore ce qu'il allait faire. «Je verrai. Comme tout Appenzellois qui se respecte, je suis très lent.»
Mais l'ex-patron, qui part avec une indemnité totale de 1,54 million de francs comprenant 12 mois de salaire et le bonus pour objectifs atteints, a peut-être voulu soigner ses arrières en expliquant sa démarche aux parlementaires fédéraux auxquels il a envoyé une lettre.
«Compte tenu des décisions prises par le Conseil fédéral, écrit-il, je ne peux qu'en tirer des conclusions personnelles, à savoir que j'ai perdu toute crédibilité vis-à-vis de notre actionnaire majoritaire, des marchés financiers et de nos partenaires internationaux.» La lettre se poursuit par un bilan de son travail et un appel aux parlementaires à maintenir «votre confiance en Swisscom et en ses collaborateurs».
Sollicité par son ancien patron, c'est le responsable de Swisscom Mobile, Carsten Schloter, qui reprend le flambeau (voir encadré). Economiste d'entreprise et informaticien, ce Bavarois peut se prévaloir d'une expérience internationale et d'une progression du nombre de nouveaux clients dans le domaine de la téléphonie mobile sous sa direction chez Swisscom.
La société a par ailleurs annoncé hier qu'elle réduirait ses réserves disponibles à un milliard de francs et qu'elle reverserait 1,5 milliard aux actionnaires d'ici à 2009, répondant ainsi à une exigence du Conseil fédéral. Le Conseil d'administration soutient le principe d'une privatisation envisagée par le Conseil fédéral.
«Mais le processus politique ne doit avoir aucune influence sur le développement de l'entreprise», a insisté Markus Rauh.
Ainsi, l'entreprise prendra position lors de la procédure de consultation, mais ne donnera aucune consigne de vote. «Nous ne voulons pas être un jouet entre les mains des politiques, ni être assimilés aux perdants en cas d'issue négative lors d'un scrutin», a expliqué le président.
Les buts stratégiques du Conseil fédéral obligeant Swisscom à élaborer une nouvelle stratégie, n'est-ce pas un voeu pieu que de vouloir rester indépendant du débat politique? «Non, le cadre donné par le gouvernement nous laisse la souplesse nécessaire pour élaborer notre propre stratégie», répond Carsten Schloter. / AGB