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«Jean Ziegler aurait résolu la crise plus vite»

Me Charles Poncet, l'avocat du gouvernement de la Libye, estime que les problèmes entre le pays dirigé par Mouammar Kadhafi et la Suisse aurait été réglés plus tôt. Pour le Genevois, Micheline Calmy-Rey aurait dû s'adresser à Jean Ziegler.

15 août 2009, 04:15

L'avocat Charles Poncet, a critiqué hier la gestion de la crise par Micheline Calmy-Rey. Selon le Genevois, le problème entre la Suisse et la Libye aurait pu être résolu depuis longtemps si la conseillère fédérale avait fait appel à Jean Ziegler, qui a, lui, toutefois contesté être l'homme de la situation.

Bien qu'il défende le gouvernement de Mouammar Kadhafi dans la crise, Charles Poncet a précisé faire ses remarques sans prendre parti. «Je le dis objectivement, la diplomatie suisse n'a vraiment pas joué le rôle qu'on pouvait attendre d'elle», a-t-il affirmé sur les ondes de la Radio Suisse romande (RSR).

Il y a environ trois semaines, la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey avait estimé que la Suisse était à «deux millimètres» de résoudre la crise avec Tripoli, alors que deux ressortissants suisses sont toujours assignés à résidence dans la capitale libyenne. Pour Charles Poncet pourtant, «cette crise n'a fait que s'aggraver, alors qu'avec un petit peu de doigté, ça aurait pu se résoudre bien avant».

Pour le défenseur des intérêts libyens, la solution a un nom: Jean Ziegler, sociologue suisse et ami du numéro un libyen Mouammar Kadhafi. «Il y a à mon avis une personne qui aurait pu résoudre le problème après qu'on l'eut laissé se déteriorer, c'est Jean Ziegler. C'est quelqu'un qui connaît ce chef d'Etat depuis 35 ou 40 ans, qui lui est proche, qui a des liens d'amitié de longue date avec lui», a-t-il déclaré.

Charles Poncet a affirmé ne pas comprendre pourquoi «notre ministre des Affaires étrangères n'a pas jugé utile de faire appel à lui».

Mais Jean Ziegler, toujours sur les ondes de la RSR, a rétorqué qu'il n'était pas l'homme de la situation pour débloquer la crise. «C'est plus compliqué que cela», a-t-il déclaré.

Il a loué la task force mise en place par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et a à nouveau salué le travail «extraordinairement courageux» de Micheline Calmy-Rey. «Elle paie de sa personne, lors de sa visite à Tripoli, elle est arrivée tout près d'un accord», a-t-il estimé. Il a indiqué ne pas participer à la cellule de crise, bien qu'il ait toutefois été «invité à s'exprimer devant la task force».

Le Genevois, tout en réfutant «tout lien d'amitié ou de complicité» avec le leader libyen, a affirmé «être régulièrement reçu par le colonel Kadhafi en tant que sociologue». Il s'envolera le 1er septembre pour Tripoli, dans le cadre des 40 ans de la prise de pouvoir du leader libyen.

Jean Ziegler avait indiqué en juillet dernier être confiant sur un dénouement relativement proche de la crise, «les Libyens n'ayant, selon lui, pas intérêt à faire traîner une affaire «désagréable pour leurs relations avec un pays européen».

Hannibal Kadhafi, l'un des fils de Mouammar Kadhafi et sa femme Aline, alors enceinte, avaient été arrêtés le 15 juillet 2008 dans l'hôtel où ils logeaient après avoir fait l'objet d'une plainte pour maltraitance de deux de leurs domestiques. Hannibal Kadhafi avait passé deux nuits en prison.

Les relations entre Berne et Tripoli ont alors commencé à se gripper. Outre les deux Suisses retenus sur le sol libyen, les liaisons aériennes avec Tripoli sont toujours coupées, le volume des activités commerciales avec la Libye a chuté et la quasi-totalité des avoirs libyens en Suisse ont été retirés.

Une plainte civile a, elle, été déposée en avril dernier par la Libye à l'encontre de l'Etat de Genève, exigeant réparation pour l'arrestation des Kadhafi. Elle doit être examinée le 24 septembre prochain à Genève. /ats

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