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«Je peux prendre ce risque»

La présidente du PDC, Doris Leuthard, est prête à succéder à Joseph Deiss. L'Argovienne devrait être élue le 14 juin. Elle explique les raisons qui l'ont poussée à briguer un siège gouvernemental. Interview

10 mai 2006, 12:00

Pourquoi avez-vous attendu si longtemps avant d'annoncer votre candidature? Après tout, vous étiez la candidate naturelle du PDC.

Doris Leuthard: Après l'annonce de la démission de Joseph Deiss, le jeudi 27 avril, je devais d'abord diriger l'assemblée des délégués à Coire deux jours plus tard. Or, mon mari est parti le même jour en voyage d'affaires aux Etats-Unis. Il n'est revenu que samedi dernier. Nous nous sommes certes parlé au téléphone, mais il était important qu'il revienne et que nous prenions le week-end pour discuter. J'ai donc pris une décision définitive dimanche.

Pour quelles raisons avez-vous finalement plutôt privilégié une candidature au Conseil fédéral au détriment de la présidence du parti?

D.L.: C'était vraiment un choix très difficile! J'en ai beaucoup discuté avec des collègues et des personnes d'expérience. Si je ne m'étais pas présentée, mon parti aurait été en danger. Il y aurait eu quatre, cinq, six candidatures plutôt masculines, et cela aurait suscité une concurrence et une rivalité importantes.

En outre, si j'avais répondu non, on aurait dit que j'étais faible et que je n'avais pas les compétences.

Donc, vous ne pouviez plus dire non...

D.L.: On peut toujours dire non, mais il faut être conscient des conséquences.

Est-ce qu'on vous a dit que vous ne deviez pas être candidate au Conseil fédéral et si oui, qui vous a donné ce conseil?

D.L.: C'était surtout des membres du parti qui craignaient que sans Doris Leuthard, le PDC perde la tête et que cela nuirait à la dynamique actuelle. Mais si je parviens à expliquer mon choix, je suis persuadée que le parti sera derrière moi.

La question de la présidence reste toutefois une question cruciale pour le PDC. Aucun successeur ne semble s'imposer. Voyez-vous des candidats?

D.L.: Nous avons déjà réorganisé le parti, et la campagne électorale de 2007 est pratiquement sur les rails. Il ne s'agit donc plus d'effectuer un travail de fond, mais d'assurer une continuité. Nous trouverons sans problème des personnalités avec la capacité d'intégration nécessaire.

Votre mari vous a-t-il encouragé?

D.L.: Oui. Il a hésité parce qu'il ne cuisine pas très bien. Mais comme présidente du parti, je suis aussi de nombreux soirs par semaine quelque part en Suisse. Il connaît donc déjà cette situation.

Lors de la conférence de presse, vous vous êtes plainte de l'intrusion des médias dans votre vie de famille. Pourquoi?

D.L.: Ce qui me dérange, c'est le fait qu'on assiège mes parents. Il y avait des photographes dans le jardin et un hélicoptère au-dessus de la maison. Mon père a 81 ans. Il a fait de la politique, mais cela ne l'a pas préparé à la situation actuelle. Si vous vous voulez parler de moi ou m'attaquer, je n'ai pas de problème avec cela. C'est légitime. Mais laissez mes parents en dehors de tout cela!

Pensez-vous qu'un homme aurait subi le même traitement?

D.L.: Je suis sûr que non. Si je me remémore d'autres candidatures, je constate que l'approche avait été différente.

Vous subissez déjà le battage médiatique. Mais il faudra encore affronter la rude ambiance du Conseil fédéral. Êtes-vous prête?

D.L.: Si vous n'avez qu'un siège, vous n'avez évidemment pas d'allié naturel. Ce sera très difficile, mais je peux prendre ce risque parce que je suis consciente de la situation. En outre, je n'ai aucune rivalité avec les autres membres du Conseil fédéral. Cela me donnera peut-être aussi une chance de faire bouger quelque chose. On est jamais seul: il y a le groupe, il y a le parti derrière moi. /ERE

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