Henri Leconte, le Tournoi des Légendes, c?est uniquement pour le «fun» ou l?instinct de compétition resurgit? C'est pour le fun! Se retrouver à Wimbledon avec les anciens et côtoyer les joueurs actuels, il y a quelque chose de magique. Et même s'il pleut, même si chaque année on se dit que l'on ne reviendra plus, on revient toujours. Wimbledon, c'est un mythe. Mais sans esprit de compétition, je ne pourrais plus jouer. Ce genre de tournoi reste surtout l'occasion de revoir les copains. Parce que question «prize-money», il n'y a vraiment pas grand-chose à gagner (rires).
A l?époque, Wimbledon ne vous a jamais trop réussi. Pourtant, en tant que serveur-volleyeur... J'ai tout de même fait demi et quart de finale ici! L'embêtant, c'est qu'il y avait toujours un certain Boris Becker sur ma route. Et jouer Becker sur herbe, c'était comme croiser Roger aujourd'hui!
Pour les affaires, est-ce important de rester en vitrine dans ce type d?événement? On ne devient pas homme d'affaires du jour au lendemain. Il ne faut pas se leurrer, ma vie, c'est le sport et cela restera le tennis. Après une petite pause, même Pete Sampras revient au jeu. On a tous ça dans le sang. Au moment de se retirer, on n'en peut plus. Alors, on s'arrête, on souffle. Et puis ça revient, ça titille. On s'embête à la maison et, un jour, il y a un coup de fil: «Henri, tu ne veux pas jouer une exhibition?» Et ça repart!
Les joueurs de votre génération, les Borg, McEnroe, Noah, Connors, étaient des tronches. En comparaison, les cracks d?aujourd?hui paraissent bien lisses... C'est devenu du tennis-business, c'est du boulot. D'accord, à notre époque, il y avait aussi beaucoup d'argent. Mais les gars de ma génération étaient davantage «joueurs», ils prenaient du plaisir sur un court. On aimait prendre des risques. Il y avait de grosses personnalités, des grosses gueules. Aujourd'hui, il y a peut-être Marat Safin ou encore Rafael Nadal, avec son attitude qui dérange. J'adorerais entraîner un mec comme Safin. C'est un fou furieux!
Comment expliquez-vous cette évolution? L'ATP tient tout le monde dans un cocon au lieu de laisser les joueurs s'exprimer. C'est peut-être pour cette raison qu'à part durant les Grand Chelem, le tennis toussote. Il faut lâcher la bride!
Il y a eu le règne de Sampras, maintenant celui de Federer. Finalement, de telles dominations ne sont-elles pas néfastes pour le tennis? Pete et Roger sont des icônes, des joueurs d'exception. A part Nadal, les autres sont loin derrière Roger. Seul Nadal a l'attitude et le talent pour inquiéter Federer. Moi, ça m'excitait de jouer les meilleurs. Les jeunes d'aujourd'hui placent Federer tellement haut qu'ils ont peur de se brûler en le touchant. Roger a tout. C'est un très grand champion et un chic type. C'est le plus grand joueur de tous les temps. / LKL