Le scandale des enfants arrachés à leurs parents et placés de force jusque dans les années 1980 en Suisse a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. On connaît moins le destin de dizaines de milliers d’adultes emprisonnés, sans jugement, pour des bagatelles: fainéantise, alcoolisme, prostitution ou procréation hors mariage. Pourtant, il existe un lien entre ces deux aspects peu reluisants de l’histoire suisse. Des témoignages mettent en lumière le cumul de ces deux types de mesures coercitives.
«Certaines personnes placées dans leur enfance, parce que leurs parents étaient pauvres par exemple, ont souffert d’une mauvaise réputation par la suite. Une stigmatisation qui a parfois conduit à un internement administratif à l’adolescence ou à l’âge adulte», explique Ruth Ammann, directrice de recherche pour le compte de la Commission indépendante d’experts.
Un cercle vicieux
Celle-ci est chargée par la Confédération d’enquêter sur les incarcérations abusives pratiquées en Suisse entre le...