Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Industrie: ABB fête 25 années d'existence marquées de réussites et de quelques écueils

Le géant technologique ABB, né d'une fusion entre les groupes suédois Asea et suisse BBC il y a 25 ans, fête ce quart de siècle d'existence. Retour sur un succès industriel éraflé par instants.

04 janv. 2013, 16:15
ABB est né il y a 25 ans.

Il y a 25 ans, les groupes suédois Asea et suisse BBC fusionnaient pour donner naissance au géant technologique ABB (pour Asea Brown Boveri). L'opération apparaît aujourd'hui comme un succès industriel, même si des problèmes ont émaillé son histoire.

Brown, Boveri & Cie (BBC), fleuron industriel suisse fondé en 1891, abandonne en 1988 son nom pour continuer à exister. Le fabricant de turbines de Baden (AG) disposait alors certes d'un vaste savoir-faire, mais il lui manquait des stratégies de croissance et une capacité d'innovation.

Tous les administrateurs n'étaient pas au courant des négociations en vue d'une fusion avec Asea. Le 4 janvier 1988, le conseil est toutefois informé d'un contrat portant sur la création d'une entité appelée ABB, réunissant quelque 170'000 employés et générant un chiffre d'affaires annuel de 14 milliards de dollars.

Leutwiler et Schmidheiny

Le maître d'oeuvre du projet est un certain Fritz Leutwiler, ancien président de la Banque nationale suisse (BNS) président de BBC depuis 1985. Ce dirigeant hors sérail a en un temps très bref renouvelé les membres de la direction générale et commencé de la sorte à modifier les structures du groupe argovien.

Stephan Schmidheiny, gros actionnaire de BBC, laisse les mains libres à Fritz Leutwiler et à ses partenaires suédois. Il impose néanmoins l'idée que l'opération doit comprendre l'entier des deux entreprises et pas viser à fusionner des filiales. La réunion d'Asea et de BBC fait en effet sens dans bien des domaines.

BBC est bien implanté en Europe et au Moyen-Orient, alors qu'Asea est fort en Amérique du Nord et en Extrême-Orient. Les groupes se complètent aussi parfaitement en termes de compétences: l'industrie des robots pour les Suédois, l'électronique de puissance pour les Suisses.

La fusion est observée de près dans la région de Baden. Beaucoup y voient des raisons d'espérer après les mauvaises nouvelles des années 1970, avec une crise qui se prolonge dans les années 1980. Surtout qu'Asea apparaît comme un partenaire disposant d'un modèle économique novateur, BBC ayant perdu de son avance technologique.

Des écueils aussi

Aujourd'hui, ABB occupe 145'000 personnes dans le monde et affiche, sur la base de 2011, un chiffre d'affaires annuel de 38 milliards de dollars. Actif dans l'électrotechnique et l'automation, le groupe basé à Zurich a pour concurrents mondiaux des géants comme l'allemand Siemens et l'américain General Electrics.

Pourtant, en 25 ans, ABB n'a pas été épargné par les problèmes. Notamment le rachat en 1989 du fabricant américain de chaudières Combustion Engineering qui a failli tourné à la catastrophe. Des plaintes d'ex-collaborateurs victimes d'exposition à l'amiante ne sont en effet pas loin de faire disparaître le groupe.

"Il était minuit moins une", résume Thomas Schmidt, porte-parole d'ABB depuis plus de dix ans. En 2006, l'affaire s'achève avec un coût global de quelque 2 milliards de dollars pour satisfaire 100'000 plaignants. Mais quatre ans durant, le groupe en aura souffert à mesure que la procédure prend de l'ampleur.

ABB voit la qualité de sa notation plonger, en particulier du fait de sa présence dans le financement d'entreprises, un héritage d'Asea. Le département des services financiers de la multinationale voit du coup son fardeau s'alourdir, se rappelle Thomas Schmidt.

Le dossier de l'amiante aux Etats-Unis sert de leçon. ABB développe à partir de 2002 une nouvelle culture sous la houlette d'un nouveau patron, l'Allemand Jürgen Dormann, qui siège dans son conseil d'administration depuis 1998. "Avec lui, le groupe affiche une croissance rentable et une politique de bilan conservatrice."

Affaire des indemnités

La crise de l'amiante ramène également au nom de Percy Barnevik. Le Suédois, ancien directeur général d'Asea, assume ce même poste à la création d'ABB en 1988. Dès 1996, il prend du galon pour occuper la présidence du conseil d'administration jusqu'en 2002. Il renvoit aujourd'hui une image ambivalente.

L'homme a certes réussi à rapprocher les deux cultures d'entreprise et ouvert le marché chinois à ABB. Mais au-delà, son nom demeure attaché au scandale de Combustion Engineering ainsi qu'à celui de son indemnité de départ, retraite comprise, de 148 millions de francs, au moment où le groupe frôlait le dépôt de bilan.

L'affaire révélée en 2002 concernait aussi Göran Lindahl, directeur général jusqu'en 2000, qui lui a perçu un montant de 85 millions de francs. Après négociation, Percy Barnevik a restitué 90 millions, alors que Göran Lindhal remboursait 47 millions, soit au total 137 des 233 millions encaissés.

Une enquête pénale ouverte en 2002 est classée sans suite trois ans plus tard. Elle n'a pas mis à jour des comportements délictueux de la part des deux ex-dirigeants. Reste qu'en terme d'image, une nouvelle fois, les conséquences apparaissent comme un épisode tragique de l'histoire d'ABB, estime Thomas Schmidt.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias