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Il n'y a plus qu'une seule agence de presse suisse

30 janv. 2010, 11:22

Les canaux d'information des médias suisse se resserrent. L'agence de presse DDP (ex-AP) liquide son service alémanique. L'agence nationale ATS assoit son monopole.

La série noire se poursuit pour les médias. Non seulement les effectifs de nombreuses rédactions ont été revus à la baisse en raison du recul des recettes publicitaires, mais ils vont en outre disposer d'une source d'information de moins.

L'agence de presse DDP (ex-AP), jusqu'ici la seule concurrente de l'agence nationale ATS, a annoncé jeudi soir la liquidation de son service alémanique. Dix-sept personnes ont reçu leur lettre de licenciement. Les six collaborateurs du service romand disposent d'un sursis car ils ne sont pas administrativement rattachés à DDP. «Nous ne nous faisons guère d'illusion, commente le chef du service francophone Michel Thurberg. Le sort des deux services est lié». L'Agence Télégraphique Suisse (ATS) est une agence qui appartient aux éditeurs suisses. Elle couvre toute l'actualité helvétique dans les trois langues nationales.

Depuis 1981, elle était concurrencée par l'agence américaine Associated Press (AP) qui proposait une offre moins complète mais aussi moins chère, en français et en allemand. La crise aidant, AP cherche désormais à se replier sur ses bases anglophones. Le 7 décembre dernier, elle a vendu les droits sur le service alémanique à l'agence allemande DDP (Deutscher Depeschendienst), tandis que le service francophone restait rattaché à AP France.

Jeudi soir, l'ATS et DDP ont annoncé un accord de collaboration dès le 1er février. DDP va se replier sur le marché allemand, tandis que l'ATS va payer pour utiliser le service international d'AP diffusé en allemand par DDP. La colère gronde chez les journalistes qui ont appris leur sort par la concurrence. Ils doutent par ailleurs des problèmes de rentabilité invoqués pour justifier la mesure prise.

Ils constatent qu'elle sert avant tout les intérêts de l'Agence Télégraphique Suisse (ATS) qui dispose désormais d'un monopole de fait. Trois journaux alémaniques qui s'étaient désabonnés vont être contraints de retourner dans le giron de l'ATS: le «Walliser Boote», la «Neue Luzerner Zeitung» et le «Mitteland Zeitung». Et tous les autres lui sont désormais pieds et poings liés. «L'ATS a saisi une occasion de se débarrasser de la concurrence», s'exclame l'un des journalistes licenciés.

Réponse du rédacteur en chef de l'ATS, Bernard Maissen: «Le marché était trop petit. Il y avait de moins en moins de medias abonnés aux services des deux agences. L'accord trouvé consolide la situation à long terme de l'ATS. Du point de vue de l'intérêt général, une agence aux mains des éditeurs suisses est préférable à une agence détenue par un propriétaire à l'étranger». Les syndicats vont maintenant s'engager aux côtés des journalistes licenciés pour réclamer l'adoption d'un plan social.

Par contre, il n'y a guère de chance que la Commission de la concurrence soit amenée à intervenir. D'une part, il ne s'agit pas d'une fusion proprement dite, d'autre part le chiffre d'affaires de l'entreprise ne justifie pas l'ouverture d'une enquête.

Berne/Christiane Imsand

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