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«Il faut tenir la ligne»

Malgré la bonne situation actuelle, Hans-Rudolf Merz veut réduire d'ici à 2015 le train de vie de l'Etat de 8 milliards de francs. Le grand argentier pourrait lancer dès 2008 un programme d'assainissement de 700 millions Pour réduire le ménage fédéral, le ministre des Finances, Hans-Rudolf Merz, menace de lancer plusieurs programmes d?assainissement: 900 millions en 2009 et plus d?un milliard en 2010. Les résultats très positifs réalisés cette année ne doivent pas être l?arbre qui cache la forêt. Le conseiller fédéral radical entend ainsi poursuivre sa tâche pour ne pas laisser à la prochaine génération le soin d?éponger les dettes actuelles et pour maintenir la compétitivité de l?économie suisse.

15 nov. 2006, 12:00

Les exc?dents peuvent ?tre suivis de lendemains qui d?chantent. Ne craignez-vous pas des attentes trop fortes du Parlement en p?riode d'ann?e ?lectorale?

Hans-Rudolf Merz: Je ne suis pas inquiet. Les deux pr?c?dents programmes d'all?gement ont ?t? difficiles ? mener, mais ils se sont av?r?s justifi?s. Nous sommes parvenus ? diminuer le niveau des d?penses de cinq milliards. Sur la base de ce niveau inf?rieur, nous arrivons cette ann?e ? un exc?dent de 2,1 milliards. Si nous ne nous ?tions pas livr?s ? ce double exercice, nous aurions enregistr? un d?ficit de trois milliards.

Cette situation est connue au Parlement. Ses forces raisonnables n'ont donc aucun int?r?t ? s'?loigner de cet ?quilibre. Il est cependant de mon devoir de tenir la ligne. A chaque fois qu'il le faudra, j'attirerai l'attention sur le fait que nous pouvons mettre cet acquis en danger si nous d?cidons de nouvelles t?ches ou si celles-ci se voient ?largies.

Vous-m?me et la commission des finances du Conseil national ?voquez d'ores et d?j? le spectre d'un d?ficit record de 3,9 milliards en 2008. Comment pouvez-vous avancer un tel chiffre?

H.-R.M.: Je suis tr?s heureux du travail accompli par la commission des finances du National, qui a m?me ?t? plus r?serv?e que le Conseil f?d?ral pour le budget 2007. C'est la preuve que l'acquis ne sera pas mis en danger l'ann?e prochaine.

Pour 2007, justement, nous attendons un surplus de presque un milliard. Je ne doute pas de la volont? de la commission du Conseil des Etats de maintenir cette ligne. 2008 sera une ann?e cruciale compte tenu du fait que, sans m?me l'avoir souhait?, trois charges extraordinaires nous attendent. Je songe, pour commencer, au fonds d'infrastructure, soit 2,6 milliards. Il s'agit de d?penses li?es aux comptes de la Conf?d?ration sous le titre de l'imp?t sur les huiles de combustible. Elles doivent ?tre engag?es le 1er janvier 2008.

?Si nous accumulons les dettes, c'est la jeune g?n?ration qui passera ? la caisse?

Ensuite, la nouvelle p?r?quation financi?re et le d?membrement de l'assurance invalidit? (AI) entre les prestations individuelles (Conf?d?ration) et collectives (cantons) entrent en vigueur ? cette date. Cette situation n?cessite de financer de mani?re compl?mentaire des pr?ts de l'AI, le retard provenant du fait que dans ce domaine, on s'est d'abord concentr? sur la prestation avant d'envoyer la facture. Le co?t ? charge de la Conf?d?ration se monte ici ? 1,4 milliard de francs.

Nous avons enfin ? assumer une r?forme totale de Publica, la caisse de pension f?d?rale passant de la primaut? des prestations ? celle des cotisations. Il ne faut pas non plus oublier les mesures de consolidation pr?vues.

Les sacrifices seront r?partis de tous c?t?s: Conf?d?ration, employ?s et caisse. Il en co?tera 900 millions ? la Conf?d?ration au 1er janvier 2008. Ces d?penses cumul?es ? cette ?ch?ance doivent ?tre financ?es. En d?pit de nos exc?dents, ces moyens sont d?j? r?serv?s.

On ?voque d?j? un programme d'assainissement de 700 millions pour 2008. Confirmez-vous ce chiffre?

H.-R.M.: Nous avons d?cid? de proc?der ? un inventaire des d?penses au Conseil f?d?ral, qui pr?voit de diviser toutes les t?ches de la Conf?d?ration en 18 domaines. Nous entendons diriger les d?penses de la Conf?d?ration jusqu'en 2015 d'une mani?re neutre, du point de vue de la quote-part de l'Etat, par une croissance de 3%. A cette ?ch?ance, nous envisageons de r?duire son train de vie de 8 milliards. Un tel exercice devant ?tre men? ? temps. Je voudrais ?viter de lancer des programmes d'assainissement d'une ann?e ? l'autre, o? on se contente de proc?der ? des coupes lin?aires, et j'esp?re que le Conseil f?d?ral parviendra ? fixer des priorit?s.

Sous la pr?sidence de la Conf?d?ration, un groupe de travail a r?pertori? ces 18 domaines. J'attends maintenant les propositions des d?partements. Si celles-ci se r?v?lent insuffisantes, nous pr?voyons 700 millions d'?conomie en 2008, puis 900 millions en 2009 et plus d'un milliard en 2010. Ces ?conomies sont d?j? pr?vues dans notre planification financi?re. Nous en avons besoin pour que la dette de la Conf?d?ration ne continue pas d'augmenter.

Ils seront nombreux ? pousser des cris d'orfraie.

H.-R.M.: Ces pronostics peuvent para?tre douloureux et dramatiques, mais en r?alit?, ils ne le sont pas, chaque chef de d?partement devant s'en tenir ? une croissance de trois pour cent. C'est uniquement si ce frein n'est pas atteint que j'ai parl?, lors des deux derni?res s?ances du Conseil f?d?ral, d'un projet d'all?gement de 700 millions. C'est aussi simple que cela!

Il existe bien s?r des modalit?s, l'exp?rience des deux exercices pr?c?dents nous ayant appris ? discerner entre les t?ches li?es par la loi - deux tiers environ - et les autres, au sujet desquelles on doit discuter. J'attends donc la r?action de mes coll?gues, car nous allons pr?parer cet hiver la premi?re phase pr?paratoire pour le budget 2008. Je m'exprimerai alors pour trouver ces 700 millions de francs.

S'il s'av?re impossible de r?duire le train de vie du m?nage f?d?ral, d'autres chemins devront ?tre explor?s, le frein ? l'endettement exigeant que les d?penses ne soient pas plus ?lev?es que les recettes.

L'assainissement des finances est au coeur de votre engagement au Conseil f?d?ral. Pourquoi cet aspect est-il si prioritaire ? vos yeux?

H.-R.M.: C'est un geste important que nous avons le devoir d'entreprendre par ?gard envers la jeune g?n?ration. Si nous accumulons les dettes, c'est elle qui passera ? la caisse. J'appelle aussi les jeunes ? ne pas c?der ? la tentation de demander toujours plus ? l'Etat.

Je d?livre aussi ces messages ? l'intention de l'?conomie. Notre place ?conomique perdrait de son attractivit? si nous devions payer davantage d'imp?ts pour soulager notre dette, cela m?me si notre situation reste relativement bonne en comparaison internationale.

A cet ?gard, il me semble erron? de demander tout le temps ? l'Etat de se lancer dans de nouvelles t?ches, chacune d'entre elles conduisant ? de nouvelles d?penses. M?me la libert? a son prix! / EDB

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