Le Ministère public a émis une ordonnance de non-entrée en matière diffusée vendredi.
Suite à la lecture d'un compte-rendu de presse sur le spectacle "Kein Applaus für Scheisse (Pas d'applaudissements pour de la merde)"., un particulier avait déposé plainte auprès de la justice fribourgeoise pour pornographie.
Il s'agissait de la seule plainte enregistrée par le Ministère public concernant le spectacle .
De l'avis du Ministère public, seules deux scènes du spectacle auraient pu constituer, l'une de la pornographie douce, l'autre de la pornographie dure.
Pour ce qui est de la première, le procureur note que le spectacle a été présenté à une heure tardive, à un public dûment averti et composé de personnes âgées d'au moins 16 ans.
Un double contrôle avait en outre été effectué, à la caisse et à l'entrée de la salle. Exit donc la pornographie douce, de toutes façons pas condamnable.
Pour ce qui est de l'autre scène, où un des deux protagonistes urine dans la bouche de sa partenaire, elle pourrait, considérée hors contexte, tomber sous le coup de l'accusation de pornographie dure.
Pour échapper à cette qualification, "cet acte doit s'inscrire dans une représentation qui peut se prévaloir d'une valeur culturelle digne de protection".
Il revient au juge pénal de distinguer ce qui est de l'art et ce qui n'en est pas, tout en tenant aussi compte de la liberté artistique. Dans le doute, le Ministère public a tranché en faveur de l'art.
Message pour public averti
Appelée par le Ministère public à se prononcer, la directrice du Belluard Sally De Kunst a expliqué que le duo avait été invité dans le but de "montrer le point de vue d'une jeune génération qui fait un mélange entre tous les genres, styles et décennies".
"Kein Applaus für Scheisse" est "une pièce qui flirte avec la parodie et qui détourne les attentes que son titre génère nécessairement".
Le procureur général a considéré que la pièce et ses scènes incriminées, "qui peuvent certes heurter, trouvent une justification artistique".
Il s'est montré convaincu que la représentation, par ailleurs programmée déjà à 12 reprises en Belgique, aux Pays-Bas et en Autriche, ne cherchait pas à provoquer l'excitation sexuelle des artistes et ou des spectateurs, mais bien à faire passer un message qu'il réservait d'ailleurs à un public averti.