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Faire la nique à Blocher

Lors du bilan de son année présidentielle, le ministre socialiste Moritz Leuenberger annonce qu'il sera à nouveau candidat en 2007. Même s'il refuse de l'avouer, il veut barrer la route à l'UDC Christoph Blocher L'information est tombée à l'issue d'une longue analyse du rôle du président de la Confédération et du gouvernement: Moritz Leuenberger sera une nouvelle fois candidat lors des élections au Conseil fédéral de 2007. «Je souhaite poursuivre le travail en faveur de la cohésion du pays, travail que j'ai entamé en tant que président de la Confédération», a-t-il expliqué lors de la conférence de presse consacrée au bilan de son année présidentielle.

29 nov. 2006, 12:00
Coup double

Le Zurichois fait ainsi coup double. D'un côté, il liquide un des sujets de spéculation favoris des médias, à savoir le jeu du «quand partira-t-il?», qui aurait marqué la campagne pour les fédérales de 2007. De l'autre, il fait un pied de nez à son collègue UDC Christoph Blocher, qui a souvent lorgné le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (Detec), qu'il dirige.

Certes, le ministre socialiste est trop fin pour le dire d'une façon aussi directe. «Barrer la route à Christoph Blocher n'est pas ma priorité», a-t-il même précisé lors des questions. Il laisse simplement à d'autres le soin de tirer cette conclusion. Pourquoi alors se mouiller inutilement? Sa propre argumentation renvoie à la sauvegarde des institutions. Elle découle directement des conclusions qu'il a tirées de son 2e mandat présidentiel, qui s'achève fin décembre.

En substance, Moritz Leuenberger estime que le système helvétique pose des problèmes en matière de relations diplomatiques. «Le principe de la présidence alternée n'est pas très agréable pour les chefs d'Etat étrangers», explique-t-il.

Les relations personnelles se construisent à chaque rencontre. Du coup, se retrouver chaque année face à un nouvel interlocuteur suscite quelque perplexité chez les confrères. «Quand on leur explique cette particularité, ils se montrent enthousiastes», s'amuse le président de la Confédération. Mais quand ils se croisent dans l'intimité des toilettes, ils se paient la tête des Suisses. Ce que Moritz Leuenberger a personnellement vérifié alors qu'il était lui-même, et à l'insu de ses homologues, aux cabinets!

Le problème de la continuité est encore exacerbé par l'absence d'entourage. «Le président autrichien dispose de 75 collaborateurs, le président allemand de 180 personnes. Moi, j'ai Monsieur Wächter», ironise Moritz Leuenberger, en désignant son collaborateur diplomatique assis dans un coin. Rires.

Mais le rôle siamois de ministre et de président de la Confédération a parfois des avantages. Seul chef d'Etat présent, il peut souvent ouvrir les rencontres interministérielles. «J'ai ainsi pu faire les discours inauguraux des conférences de Dubaï, Doha et Nairobi», souligne Moritz Leuenberger.

Mais dans la discussion sur la nécessité d'une présidence plus forte et plus longue, il faut aussi tenir compte du rôle qu'elle joue en politique intérieure. Le chef d'Etat y est un facteur de cohésion, représentant des minorités, explique le président sortant. Il joue ainsi un rôle intégrateur semblable à celui dévolu aux chefs d'Etat à l'étranger.

Mais dans le système suisse, c'est le Conseil fédéral qui doit veiller à la cohésion nationale. «Ses membres doivent se placer au-dessus de la mêlée et vendre à leurs partis des solutions de compromis», rappelle Moritz Leuenberger. Or, ce système est mis en danger par les politiques partisanes de certains ministres. «Plus il sera menacé, plus on demandera un renforcement de la présidence», met en garde le socialiste.

Onze ans à l'exécutif

Souhaitant contribuer à cette cohésion nationale, le Zurichois achève son analyse en annonçant qu'il sera candidat à sa propre succession en 2007, en dépit du fait qu'il siège depuis 11 ans à l'exécutif. «En âge absolu, il y en a d'autres qui devraient se poser plus de questions», lance, espiègle, ce conseiller fédéral de 60 ans. Christoph Blocher en a 66, Hans-Rudolf Merz et Pascal Couchepin soixante-quatre. / ERE

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