Le bon air de Saint-Moritz semble particulièrement inspirer Anja Paerson et Lara Gut. Déjà vainqueur de la descente et du super-G disputés ici même il y a douze mois, la Suédoise a remis ça hier en remportant le supercombiné avec une confortable avance de 1''12 sur l'Autrichienne Nicole Hosp (2e) et de 1''60 sur Fabienne Suter, inattendue troisième.
Dix mois et demi après sa célèbre cabriole bronzée au bas de la Corviglia, Lara Gut a une nouvelle fois épaté la galerie en obtenant une cinquième place finale aussi sensationnelle qu'inespérée, après avoir signé en matinée le huitième temps d'un super-G raccourci en raison des rafales de vent et, l'après-midi, le... septième, mais oui, d'un slalom avalé avec une maîtrise insoupçonnée. Quel talent!
«C'était mon premier slalom cette saison», lâche, hilare, Lara Gut. «Je m'y suis lancée sans aucune arrière-pensée, en sachant que je pourrais sortir dès la cinquième porte. Et alors? J'y suis allée à fond, en me disant Tant pis si tu sors, ça ira mieux la prochaine fois!»
La petite apprend rudement vite. Et prend les choses avec toute l'insouciance de ses 17 ans. Ne rigolait-elle pas encore avec le chronométreur de Swiss Timing quelques secondes seulement avant de s'élancer dans son slalom? «Cette décontraction, c'est sa grande force», souligne, ravi, le papa Pauli. «Reste que je ne suis pas étonné de son résultat, je savais qu'elle tiendrait le choc en slalom, car nous avons énormément travaillé les disciplines techniques cet automne.»
Perchée sur la terrasse du relais de Salastrains, le petit frère Jan à ses côtés, la maman Gabriella ne cherche pas à cacher son bonheur. «Vous vous rendez compte? C'est mon anniversaire aujourd'hui. Quel beau cadeau elle m'a fait là!»
Quelques pas plus loin, la Schwytzoise Fabienne Suter la joue calme, réservée et sereine. «Cette piste de la Corviglia ne m'avait jamais vraiment réussie jusqu'ici. Je n'en savoure que davantage ma troisième place.»
Deux Suissesses dans les cinq premières: l'exploit est réel dans un supercombiné qui était considéré jusqu'à hier comme la discipline faible du ski féminin helvétique. Ceci pour le plus grand plaisir de Hugues Ansermoz, l'entraîneur de ces filles: «Nous voulions absolument repartir de Saint-Moritz dimanche avec un podium. Mais je n'imaginais pas que nous l'obtiendrions déjà dans ce supercombiné.»
Lara Gut, elle, continue à se marrer. «C'est vrai, Fabienne et moi nous n'étions pas des spécialistes du supercombiné jusqu'ici. Mais je vous le promets, nous allons le devenir!»
Comment ne pas la croire? /ALA