Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Eclairage: «Quel avenir pour la place financière suisse?»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité. Aujourd’hui, Eric Lecluyse évoque le lourd passif et les perspectives du secteur bancaire suisse, à travers le livre que le journaliste Roland Rossier lui consacre.

19 déc. 2019, 17:00
Argent, banque, valiant

Neuchatel, 23 11 11
Photo David Marchon

«Si vous voyez un banquier sauter par la fenêtre, sautez derrière lui: vous pouvez être sûr qu’il y a quelque profit à prendre.» Roland Rossier cite Voltaire en conclusion du livre qu’il consacre aux histoires troubles impliquant des banques helvétiques depuis presque un siècle. Une manière de pointer la relation à l’argent, un terrain «sensible, et depuis très longtemps» de la place financière suisse, «comme celle de Genève en particulier». Il rappelle que le café de la ville que la banque Wegelin avait décidé de gérer au rez-de-chaussée de ses bureaux en 2007 s’appelait Nonolet, une référence à la locution latine «pecunia non olet», «l’argent n’a pas d’odeur»…

Le journaliste de «La Tribune de Genève» revient pourtant sur de nombreuses histoires au doux parfum de scandale. En 1932 déjà, une grosse affaire envenime les relations entre Paris et Berne: trois cadres de la Banque commerciale de Bâle sont accusés d’aider de riches clients français en indélicatesse avec le fisc à placer leur agent à l’abri des regards. La police saisit une liste de 1018 noms, dont ceux de personnalités renommées. «Quatre-vingts ans avant l’UBS, une banque helvétique est donc déjà pénalement poursuivie en France et devra annoncer de lourdes pertes.»

La suite est à l’avenant, avec la mafia américaine qui découvre «les charmes» du secret bancaire suisse dès les années 1950, le trésor du FLN algérien caché à Genève, les montages des «rois du Liban», la filière helvétique de la drogue, la corruption au Brésil et le milliard de francs gelés en Suisse…

Les temps ont bien changé, c’est vrai. «Mais le secret bancaire suisse (…) n’est pas encore mort, quoi que l’on en dise (…) puisqu’il reste valable pour les Suisses et les étrangers résidant véritablement en Suisse (sauf les citoyens des Etats-Unis)», rappelle l’auteur.

S’il dresse un bilan sévère pour le secteur, il considère toutefois que, quoique «malmenée et mise sous pression», la place suisse peut assurer son avenir. A condition, notamment, de se distinguer dans le domaine de la finance durable. Et de rester ferme sur la question des «fonds des dictateurs», qui est loin d’être réglée «malgré de gros efforts accomplis».

«La Suisse et l’argent sale. 60 ans d’affaires bancaires.», par Roland Rossier (Editions Livreo-Alphil, 288 pages, 29 francs).

Votre publicité ici avec IMPACT_medias