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«Donner un signal politique clair»

01 juin 2011, 10:38

Christophe Darbellay, c'est une motion PDC qui va déterminer la position du Parlement sur les centrales nucléaires. C'est une grande responsabilité…

C'est une chance car la motion de Roberto Schmidt, mon collègue haut-valaisan, va décider de l'avenir énergétique de la Suisse. On nous a toujours vendu le risque nucléaire comme un risque négligeable. J'ai voulu croire les spécialistes de la sécurité. Mais nous avons eu Tchernobyl et Fukushima en l'espace de 25 ans. L'inspection fédérale de la sécurité nucléaire nous dit qu'il faudrait évacuer toute la région de Berne, Bienne, Neuchâtel et Fribourg pendant des milliers d'années en cas de catastrophe à Mühleberg. Est-ce cette Suisse que nous voulons offrir à nos enfants? La motion de Roberto Schmidt est la voie à suivre. Le rôle du PDC sera décisif dans la mise en œuvre de la volonté du Conseil fédéral pour sortir du nucléaire.

Un échec dû à la division du groupe serait donc dramatique?

Cela n'arrivera pas. Doris Leuthard que l'on décrivait comme la représentante du lobby nucléaire a réussi là où Moritz Leuenberger a échoué. Le groupe PDC vient de décider à une écrasante majorité de faire bloc derrière elle.

Quelque 20% du groupe PDC reste néanmoins fidèle à la technologie nucléaire. C'est notamment le cas des Argoviens. Allez-vous les museler?

Pas du tout. La décision du groupe est limpide. Il soutient une sortie ordonnée du nucléaire d'ici à 2034. Pour les sujets importants, les membres du groupe sont en principe tenus de s'abstenir s'ils ne partagent pas l'avis de la majorité. Mais le PDC n'est pas un parti stalinien. La sortie du nucléaire ne se fera pas du jour au lendemain. On va continuer à exploiter cette énergie pendant au moins 25 ans pour autant que la sécurité soit assurée. Ensuite, le démantèlement des centrales, la gestion des déchets et le développement d'énergies renouvelables fourniront des emplois pendant très longtemps.

Les libéraux radicaux ne veulent pas fermer la porte au développement technologique. Ils s'appuient sur des déclarations de Doris Leuthard qui estime que la situation pourrait être reconsidérée si la fusion nucléaire devenait réalité…

Il y aura toujours de nouvelles technologies, mais pas seulement dans le domaine nucléaire. Je crois surtout au progrès technologique dans les énergies renouvelables comme la géothermie. On ne peut rien exclure, mais on ne peut pas prendre des positions mi-figue mi-raisin qui ne reposent sur rien de précis. La population et les entrepreneurs attendent des positions claires.

Les milieux économiques sont contre la sortie du nucléaire. Est-ce que le PDC veut couper les ponts avec ces milieux?

En aucun cas. L'économie est très divisée sur cette question, entre les craintes de renoncer à l'atome et l'espoir des opportunités qu'offre une Suisse sans nucléaire. Nous devons donner un signal politique clair qui permettra aux acteurs de l'économie de déterminer leur stratégie d'investissement. Un moratoire serait la pire des solutions car il bloquerait tout progrès pendant 20 ou 30 ans. La décision du gouvernement allemand confirme qu'une sortie du nucléaire par étapes est possible.

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