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«Dignitas privilégie le droit à l'autodétermination»

19 nov. 2007, 12:00

Ludwig A. Minelli sort de son silence. Depuis fin septembre, début des polémiques sur les lieux où il pratique l'aide au suicide, le fondateur de Dignitas, organisation qui accompagne des étrangers dans la mort, s'était retranché derrière les procédures juridiques en cours dans différentes communes zurichoises.

Ludwig A. Minelli a d'ailleurs déclaré samedi vouloir créer un précédent en Allemagne. Il a trouvé une personne qui va organiser une aide au suicide dans ce pays et prête à assumer le risque d'une sanction pénale. Interview.

Quelles sont les circonstances du décès, début novembre, de deux Allemands qui se sont suicidés dans leur voiture?

Je leur ai expliqué que nous n'avions pas d'appartement et qu'il fallait aller à l'hôtel. Elles ont dès lors décidé qu'elles ne voulaient pas d'un lieu anonyme, mais qu'elles souhaitaient mourir dans un endroit qui leur était propre. Ce sont elles qui ont choisi la voiture. Le droit à l'autodétermination est fondamental.

Vous n'avez donc toujours pas d'appartement?

On nous propose beaucoup de choses, du sérieux et du moins sérieux, comme une pièce dans un crématoire, un bateau, un avion, mais aussi une ancienne clinique sur sol soleurois. Mais nous n'avons pas de capital et nous nous battons encore devant les tribunaux administratifs zurichois.

Vous attendiez-vous à être chassé de plusieurs communes comme vous l'avez été?

A Stäfa, il n'y avait que trois voisins, qui voyaient un petit bout de l'appartement en regardant par leur fenêtre. Mais ils se sont mis devant la porte! Les sociologues connaissent bien ce phénomène: les gens sont d'accord avec un principe, une idée, mais «pas dans mon jardin».

A Schwerzenbach, où nous louons un deux-pièces dans un bâtiment industriel, l'interdiction du conseil communal est absurde et dégu.. [Ludwig A. Minelli dit le mot] L'argument était que nous risquions de générer du trafic. Il se trouve qu'à 100 mètres de ce bâtiment se trouve le plus grand bordel de Suisse, qui génère évidemment un certain trafic.

On vous reproche des procédures expéditives avec ceux qui désirent mourir.

Le procureur général du canton de Zurich, dont c'est le reproche favori, ne dit jamais tout sur cette question. Nous accompagnons nos membres en moyenne pendant 5 mois, durant lesquels les contacts sont permanents. Nous avons le temps de vérifier la constance de leur désir de mourir.

Je signale qu'en Oregon, aux Etats-Unis, il faut avoir exprimé son désir deux fois pendant 15 jours, c'est tout! Et l'enquête d'une étudiante allemande sur Dignitas a montré que 70% des personnes ayant obtenu le feu vert de notre part, donc le feu vert d'un médecin, renoncent à mettre fin à leurs jours.

Nous aidons les gens à vivre en leur offrant une écoute. Pouvoir parler de son désir de mourir en aide plus d'un.

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