Les pertes subies par l'armée américaine - 2800 morts et près de 45.000 blessés à ce jour - vont en effet croissant, et l'opinion publique peine de plus en plus à les admettre. Car, dans le même temps, les attentats n'ont rien perdu de leur violence et la situation, de l'aveu même des généraux américains, tourne à la guerre civile. Sans penser aux 650.000 victimes civiles irakiennes... Ni aux lenteurs de la reconstruction, rongée par la corruption. Les mensonges éhontés de l'administration Bush sur les raisons de l'intervention en Irak ont cependant fait davantage encore de dégâts dans l'opinion. Des élus républicains ont même déclaré, ces derniers jours, regretter leur appui à l'invasion de l'Irak. De tels reniements auraient été tout simplement inimaginables il y a quelques semaines encore, même si des considérations électoralistes n'y sont pas étrangères.
Le camp républicain du président Bush pourrait donc payer le prix de cette politique unilatérale, jugée responsable d'une aggravation de l'insécurité dans le monde par une partie de l'opinion, même si les démocrates n'ont pas de véritable alternative à proposer. Il ne faudrait cependant pas sous-estimer la force du discours sécuritaire asséné depuis des années par la présidence. Surtout lorsqu'il est porté dans l'opinion par un authentique patriotisme et auréolé d'une vision mystico-religieuse - la lutte du Bien contre le Mal qui lui confère un semblant de profondeur.
Les Américains, réalistes, porteront pourtant une attention toute particulière à l'économie. Or, sur ce plan aussi, la confiance semble s'effriter - les sondages le montrent -, même si l'économie reste solide en dépit de la hausse des prix de l'énergie. Et c'est peut-être ces incertitudes qui pourraient faire tomber, mardi, le bastion républicain. / JGI